Iwakuren s’en souvient encore…

Partager

La population d’Iwakuren a commémoré, hier, le 60e anniversaire de la destruction, par l’armée coloniale, du village Ighzer, coïncidant avec le 6 mai.

À cette occasion, une grandiose fête a été organisée par Tajmaat d’Ighzer Iwakuren au niveau de l’ancien village, culminant à 1 000 mètres d’altitude juste au pied du Djurdjura. C’était en présence du wali de Bouira, Mouloud Cherifi, de nombreux invités et surtout de centaines d’habitants de Raffour.

Au cours de la cérémonie, organisée sur la place du village, et après une minute de silence observée à la mémoire des martyrs de la révolution, un représentant de Tajmaat a pris la parole pour rappeler «les sacrifices des habitants de ce village martyr, au destin singulier, et les souffrances endurées par sa population».

Selon lui, le 6 mai 1957, l’armée coloniale avait investi le village, et chassé sa population avant de bombarder et de détruire tout sur son passage. Commence alors une vie d’errance qui a amené certains villageois d’Ighzer à se refugier au niveau des villages environnants, tandis que d’autres ont été emmenés de force vers la plaine au lieu-dit «Arafou», actuelle Raffour, où ils ont été parqués dans un camp de toile.

Pour les raisons qui ont amené l’armée coloniale à agir de la sorte, le représentant de Tajamaat a expliqué que «les habitants ont payé pour leur engagement dans la révolution et leur soutien aux maquisards». Après cette halte, le wali, et la délégation qui l’accompagnait, se sont rendus au lieu-dit Tala, où une cérémonie de recueillement en l’honneur des 52 martyrs tombés au champ d’honneur, au cours d’une bataille ayant opposé les soldats de l’ALN et l’armée coloniale le 16 décembre 1959, a été organisée.

Après une minute de silence, une gerbe de fleurs a été déposée sur la stèle érigée à la mémoire des martyrs. L’on apprend, sur place, que dans le sillage de l’opération «Jumelles», lancée par l’armée coloniale à travers toute la Kabylie, les Français avaient localisé un grand rassemblement des moudjahidines à Tala qu’ils ont pris d’assaut dans la nuit du 19 décembre 1956.

Malgré qu’ils fussent pris au dépourvu, les moudjahidines ont farouchement résisté à l’assaut de l’armée coloniale durant toute la nuit du 19 décembre. 52 martyrs ont trouvé la mort cette nuit là et parmi l’armée française, l’on a compté beaucoup de morts et de blessés aussi.

Pour beaucoup d’habitants d’Iwakuren, rencontrés hier lors des commémorations d’Ighzer et de Tala – deux fiefs de la révolution – leur présence est une manière de «rappeler le sacrifice des martyrs et des moudjahidines et les souffrances consenties par la population du village».

À signaler que les présents ont été conviés à une waâda organisée au niveau du village Ighzer.

D. M.

Partager