L’autonomie des entreprises doit-elle incontestablement aboutir à l’autonomie syndicale ? Selon de nombreux travailleurs d’Algérie-Poste, cela s’appelle l’évidence même, car aujourd’hui, il n’est plus question — ni concevable d’ailleurs — que quelqu’un défende les intérêts d’un autre dépendant, d’une entreprise différente.En effet, au lendemain de la scission des P et T (postes et télécommunications) en deux entreprises distinctes, à savoir Algérie-Télécom et Algérie-Poste, et la signature de la convention collective qui s’en est suivie, les postiers, dont le nombre à présent est de l’ordre de 26 000 à travers le territoire national, n’aspirent qu’à acquérir les mêmes droits que leurs ex-collègues, selon les termes du contrat qui les lie à leur employeur. Néanmoins, cela n’a pas été le cas et leurs doléances, tant de fois exprimées, n’ont pas été fortement défendues, selon leurs dires, par ceux qui sont censés les représenter, en l’occurrence les membres de la Fédération du syndicat UGTA. Nous apprenons en ce sens que parmi les 48 fédéraux (un représentant par wilaya), 47 d’entre eux ainsi que le président de la fédération dépendent actuellement d’Algérie-Télécom. “Nous ne sommes pas affiliés à une même entreprise. Alors, comment voulez-vous que ces gens nous défendent. Nous avons longtemps attendu, mais en vain. Maintenant, nous voulons prendre en charge nos propres revendications et faire entendre notre voix d’une manière légitime”, soulignent les membres initiateurs d’une nouvelle section syndicale qui, une fois avalisée, représentera tous les travailleurs d’Algérie-Poste. Lors de leur passage à notre bureau, les initiateurs de cette nouvelle section syndicale UGTA, qui a pris naissance à Bouira, espèrent, à travers une déclaration qui nous a été remise, éclaircir certains points et apporter des précisions sur certains faits en relation avec leur démarche. Ce qui motive la création d’un nouveau syndicat pour les travailleurs d’Algérie-Poste, c’est d’abord un ensemble de mesures dont une batterie de primes non encore accordées au postier et qui tardent à être appliquées, estiment nos interlocuteurs. “Il y a des collègues d’Algérie-Télécom qui possèdent le même grade et la même expérience que moi et qui arrivent à toucher un salaire de 47 000 DA, alors que de mon côté, je ne boucle même pas les 30 000 DA”, a dit à titre illustratif, l’un des syndicalistes. Ces derniers dénoncent, en outre et pour le moins, le fait que leur démarche soit qualifiée de déstabilisatrice par leurs frères syndicalistes qui se sont réunis à Oran vers la fin du mois dernier “sous l’impulsion de la Fédération UGTA-PTT enfin réveillée”, précisent les rédacteurs de la déclaration, qui estiment que leur satisfaction est sans mesure pour “avoir déverrouillé le débat et mobilisé les postiers à discuter enfin de leur autonomie organique afin de pouvoir faire entendre leurs voix pour des solutions qui les concernent directement”. Concernant l’actuel président de la Fédération du syndicat, qui est aussi président de la mutuelle des PTT, M. Tchoulak Mohamed en l’occurrence, les initiateurs du nouveau syndicat estiment qu’“il est et a été un syndicaliste respectable mais la réalité est là. M. Tchoulak appartient désormais à une autre entreprise, et nous ne pourrons demeurer d’éternels assistés”. Dans leur écrit, et avant de solliciter l’intervention du département organique de la Centrale syndicale pour trouver un dénouement à cette situation, les nouveaux syndicalistes dénoncent les ingérences de certains cadres de l’administration et se disent forts des lois de la République, notamment celle du 03/2000 ayant consacré l’autonomie d’Algérie-Poste et des dispositions de la loi 90/11 qui “nous garantissent nos droits fondamentaux à la négociation collective, à la participation et à l’exercice du droit syndical”, est-il souligné.
Anis S.