Emmanuel Macron et l’Algérie

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S. Ait Hamouda

La présidentielle française a consacré Emmanuel Macron, 39 ans, nouveau venu dans la scène politique et qui a, de surcroit, renvoyé vers leurs pénates les deux grands partis traditionnels français que sont le PS et les Républicains. Ce qui nous intéresse en tant qu’Algériens dans ce choix, c’est la reconnaissance par Macron des affres du colonialisme et partant sa prépondérance pour un éventuel mea-culpa. Il a depuis, malgré les disculpations, les insatisfactions, les oppositions de certains de ses compatriotes, surtout de l’extrême droite, tenu raisonnablement à ses positions. Que l’on se situe dans cette relation psychotique, ambigüe et pas du tout indifférente entre l’Algérie et la France et ne trouver nulle part une sortie pour des relations apaisées et normalisées, il ne faut pas chercher midi à quatorze heures. Pour l’immédiat, il faut dégoter la plus sage des décisions et la plus juste, en optant pour la plus lucide et la plus appropriée. Qu’Emmanuel Macron prenne ce risque lourd et pesant sur ses épaules de jeune loup, il n’en demeure pas moins que c’est un risque qui en vaille le coup, nonobstant son côté périlleux. La pensée qui a été longtemps galvaudée sur «l’apport civilisationnel du colonialisme au peuple algérien», ne résiste pas à un iota de réflexion, tant il était fait de privations, de tortures, de déportations et d’exactions de toutes sortes. Ce qui amène les véritables enfants de Marianne à reconnaître les offenses faites aux Algériens, en toute vérité, en toute sincérité et en toute honnêteté. Il ne sert à rien de palabrer ou de tirer des plans sur la comète en faisant croire que le colonialisme a été une sinécure pour les colonisés. N’est-ce pas ainsi qu’Aimé Césaire a défini le phénomène colonial : «Une civilisation qui s’avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente. Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte. Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde.» Malgré qu’Emmanuel Macron soit désormais le Président de la France, il y a comme une annonce, comme une voix, que ce pays ne serait plus comme avant. Et c’est tant mieux pour tout le monde.

S. A. H.

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