Un mal qui défigure la Kabylie !

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Préserver l’environnement est l’enjeu du siècle pour la planète. L’Algérie comme le reste du monde s’inscrit dans cette dynamique. Dans la wilaya de Tizi-Ouzou, des efforts sont consentis mais beaucoup reste à faire, que ce soit de la part des autorités locales ou du citoyen, qui reste un acteur incontournable dans la chaîne environnementale.

Il n’y a qu’à voir le décor funeste qui orne les trottoirs dans les centres urbains des différentes localités ou encore les bordures des routes à travers les contrées pour mesurer l’ampleur du désastre qui affecte la Kabylie.

Les canettes de bières jetées ici et là sont désormais une partie indissociable de la parure kabyle faite jusque-là de la verdure de l’olivier, des figuiers et autres cultures qui s’étalent à travers les champs. Les sachets en plastique, les boites de conserves occupent aussi une «bonne place» dans ce regrettable ornement qui amoche sensiblement le paysage.

Le comble c’est que tout le monde semble se rendre compte du mal, mais quasiment personne ne fait rien pour stopper sa progression. Il y a certes ces opérations de volontariat montées ici et là à l’occasion, mais le reflexe quotidien, individuel, chez le citoyen demeure inexistant. Et c’est le plus grand mal qui continue de ronger la nature et son tableau verdoyant de jadis qui a pris un sérieux coup.

A cela s’ajoutent bien entendu, les déchets ménagers. Et la quantité produite est tout aussi effrayante. Plus de 1 000 tonnes de déchets ménagers sont générés par jour, à travers les 67 communes de la wilaya, a-t-on appris de la directrice locale de l’environnement, Mme Haddadou.

Le paradoxe de la conscience collective et l’irresponsabilité individuelle…

Et là toute la problématique qui se pose réside dans les moyens insuffisants dont dispose la wilaya pour une meilleure prise en charge de la situation et pourquoi pas parvenir à un traitement total de cette masse de déchets. Mme Haddadou a expliqué que dans le cadre du programme national du traitement des déchets, 7 CET ont été inscrits au profit de la wilaya de Tizi-Ouzou.

Malheureusement, 4 seulement sont opérationnels. «Il s’agit notamment de ceux d’Oued Fali, d’Ouacif, Draâ El-Mizan et Boghni», précisera-t-elle. S’agissant des trois autres, prévus à Boubhir, Mizrana et Aghrib, la directrice a regretté leur «blocage à cause d’oppositions», malgré «un travail de proximité et de sensibilisation des citoyens qui a été fait», a-t-elle assuré.

Toujours au sujet des moyens de la wilaya et des efforts fournis pour assurer le traitement des déchets, la directrice de l’environnement fait cas de l’existence de cinq décharges contrôlées, sous forme de minis-CET. Deux d’entres elles, l’une implantée à Beni Zmenzer et l’autre à Beni Douala, «sont déjà fonctionnelles».

Trois projets de CET demeurent bloqués par des oppositions à Boubhir,

Mizrana et Aghrib Deux autres sont en cours de réalisation à Iferhounen et Tadmaït. La dernière «a été réalisée et réceptionnée» à Agouni Gueghrane. Sa mise en fonction ne tardera pas à se faire selon la responsable. Concernant le centre de tri réalisé à Oued Fali, la directrice annonce sa mise en service «incessamment».

«Au niveau dudit centre, on trouve une chaîne de tri d’une capacité de 200 tonnes/jour. Nous allons travailler avec les douze communes qui sont actuellement rattachées au CET d’Oued Fali, dont Tizi-Ouzou, Draâ Ben Khedda et Termithine, en plus des autres communes limitrophes et même lointaines qui sont concernées par les oppositions. On a essayé de les intégrer, à l’instar de Bouzeguène qui est concernée par des oppositions au CET de Boubhir».

La direction de l’environnement, en collaboration avec l’antenne de l’Agence nationale de tri des déchets, à Tizi-Ouzou, installée récemment au niveau de la maison de l’environnement de la wilaya, compte sur la bonne volonté des citoyens à contribuer à ce travail, notamment en procédant à la séparation des déchets en deux fractions «sèche et humide, chacune à part, pour faciliter le fonctionnement de la chaîne de tri», en attendant la réalisation du projet qui tient à cœur à la direction de la wilaya.

En attendant la réalisation d’un centre de compostage de déchets

Il s’agit du centre de compostage des déchets, où il sera procédé à la transformation des déchets en matière organique. A vrai dire, la concrétisation du projet n’est pas vraiment loin, assure-t-on, vu que plusieurs sites ont été retenus pour l’implantation du centre. Le choix se fera bientôt, a-t-on appris.

Pour faire face aux problèmes des déchets et des oppositions qui accablent de plus en plus la wilaya, un programme a été tracé et c’est un objectif à atteindre pour les responsables du secteur dans la wilaya. Il s’agit, dans le cadre du développement durable, de la valorisation des déchets.

En plus des CET, des décharges et l’agence nationale des déchets (AND) qui va accompagner les citoyens et les collectivités, au niveau local, la direction de l’environnement a délivré sept agréments pour des jeunes qui aspirent à la création de microentreprises spécialisées dans la récupération des déchets au niveau des zones d’activités.

Toujours dans la même optique, une instruction du ministre de l’Environnement ordonne la création d’un centre de tri dans chaque village de la wilaya de Tizi-Ouzou. Dans le cadre de l’amélioration du cadre de vie, il a été décidé, par ailleurs, «un chemin directeur pour la gestion des déchets au chef-lieu de Tizi-Ouzou. Il est en phase d’approbation», a révélé la directrice.

Dans le cadre de la campagne mondiale sur les déchets marins, initiée par le PNEUE, la direction de l’environnement de la wilaya a procédé au nettoyage du fond marin et du port de Tigzirt, en mars dernier. L’opération avait également touché les plages d’Azeffoun. Quatre tonnes de déchets ont été ramassées lors de ces opérations, menées en collaboration avec la Protection civile et des associations, en prévision de la saison estivale.

Kamela Haddoum.

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