L’immigration qualifiée en débat

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L’Université Abderahmane Mira de Béjaïa abritera les 18 et 19 mai, un colloque international dédié à l’immigration qualifiée et au développement des pays d’origine.

L’initiative est à l’actif de la Faculté des sciences économiques, commerciales et des sciences de gestion de l’université de Bejaia, le laboratoire RMTQ, ainsi que le laboratoire d’économie et de développement de la même université. La rencontre est inscrite en hommage au défunt professeur en sociologie, Madoui Mohamed. «Immigration qualifiée et développement des pays d’origine : enjeux et réalités» est le générique de cet important rendez-vous. Dans cette perspective, le colloque abordera, de façon non-exhaustive, un certain nombre de questions. «La figure de l’immigré non qualifié, des années 1950-1970, réduit à une force de travail au service du capitalisme, a cédé la place à partir des années 1980 à de nouvelles figures du migrant, plus qualifiées et mieux insérées dans les marchés du travail des pays d’accueil que ce soit en Europe, au Canada ou aux Etats-Unis. Si la migration d’élites économiques et scientifiques est un phénomène ancien, les formes et les modalités de la mobilité internationale connaissent depuis ces trois dernières décennies un infléchissement notoire, avec notamment le développement d’une économie de la connaissance et la mondialisation des échanges (Daviet, 2004). Sur un plan paradigmatique, nous sommes passés également du concept de la fuite des cerveaux (brain drain) qui a servi, jusqu’à la fin des années quatre-vingt, de référence majeure dans l’étude des migrations de personnes hautement qualifiées à celui de retour ou de «percolation» des compétences (brain gain), pour reprendre une expression de Jean Baptiste Meyer (2009) «Il ne s’agit pas seulement d’un glissement sémantique, mais d’un véritable changement dans la façon de contribuer au développement de son pays. Cela peut prendre la forme d’un retour définitif au pays, mais également de contributions et d’apports à distance qui, grâce aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, ne nécessitent pas forcément un retour et une installation définitive dans le pays d’origine. Ceux qui ont un statut privilégié (la double nationalité, par exemple) privilégient plutôt une circulation sous forme d’allers/retours permanents entre ici et là-bas. Ces mutations s’accompagnent bien souvent de politiques publiques, comme au Maghreb, mettant l’accent sur l’importance d’attirer et de «rapatrier» les personnes expatriées hautement qualifiées en leur offrant de meilleures conditions de travail, de rémunération et d’installation. Un état des lieux de la littérature sur la question du retour des compétences en revisitant les concepts de fuite des cerveaux, de brain gain et le rôle des diasporas scientifiques dans le développement des pays d’origine». Durant ce séminaire international de Bejaia, plusieurs axes seront abordés par les intervenants à savoir : S’interroger à partir d’études empiriques sur les trajectoires individuelles, migratoires et socioprofessionnelles de personnes hautement qualifiées (entrepreneurs, cadres, médecins, scientifiques de haut grade, etc.). Le rôle des compétences expatriées dans le développement économique, social et scientifique des pays d’origine (les modalités de transfert de leur savoir-faire). Quelles sont les politiques publiques mises en place par les Etats du Sud pour attirer et faire participer leurs talents expatriés au développement de leur pays. Comment le retour des compétences favorise l’enclenchement de dynamiques de développement local. Comment le développement des TIC (vidéo conférences, internet, E-Learning…), peut favoriser l’intervention de compétences expatriées dans l’effort du développement de leur pays d’origine. Et enfin, les modèles et expériences diasporiques réussies. Comme le colloque est dédié à la mémoire du défunt MADOUI Mohamed, des communications portant sur des thématiques traitées par le défunt comme la sociologie économique, l’entrepreneuriat seront acceptées. A côté de cet axe, un espace sera réservé pour témoignage et présentation des travaux du défunt. Il est à noter que le défunt MADOUI Mohamed, sociologue franco-Algérien du laboratoire interdisciplinaire de sociologie économique (LISE-CNRS Paris) était l’initiateur de l’idée d’organiser ce colloque international sur la thématique «l’immigration qualifiée et développement des pays d’origine : enjeux et réalités », dont il est le rédacteur de la première mouture de l’argumentaire. Pour toutes ces raisons, le comité d’organisation avec l’accord de ses partenaires, a pris l’initiative d’organiser ce colloque avec ses nouvelles dates en hommage aux efforts fournis par le défunt dans le développement de la sociologie économique en Algérie à travers l’accompagnement et l’encadrement de dizaines de chercheurs algériens ainsi que sa contribution à la création de la faculté de sociologie à Bejaia.

T Mustapha.

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