Nabila Zizi expose à la galerie de la Maison de la culture

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L’artiste-peintre bougiote, Nabil Zizi, expose une cinquantaine d’œuvres à la nouvelle galerie de la Maison de la culture de Béjaia. L’exposition s’étalera jusqu’au 27 mai.

En parcourant les murs de la galerie, on découvre une collection de tableaux, de prime abord difficile à lire. On y voit des formes et des couleurs, sans un apparent fil conducteur. Mais c’est au bout du chemin qu’on se rend compte de la logique de l’artiste. Ses œuvres ne sortent pas de sa tête, mais de son âme, se plait-elle à dire. C’est en effet une expression d’émotions profondes. Chaque tableau a une histoire, un contexte. Nabila ne peint pas seulement pour le plaisir, mais par nécessité d’exprimer le tourbillon de ses émotions. «L’artiste a le devoir de tout dire en toute liberté, de tout exprimer pour aller au-delà des apparences», dit-elle. Mais, peut-on vraiment parler de liberté, quand on sait toute la pression que subit l’âme humaine à longueur de vie ? L’expression artistique, n’est-elle pas la synthèse des douleurs et des joies ressenties, fruit d’un travail intense qui se fait au tréfonds de l’âme, et qui par conséquent, subit l’influence du temps et de l’environnement ? Nabila nous propose une image d’elle-même. Une image néanmoins voilée que seuls quelques initiés peuvent lire et décoder. Ce n’est pas une œuvre intellectuelle que Descartes pourrait décortiquer à coup de formules mathématiques, mais plutôt un véritable casse-tête pour un Freud dépassé par les subtilités et les nuances des formes et des couleurs exposées. On y ressent du plaisir, de l’intrigue. Quelques tableaux vous poussent à la méditation, d’autres inspirent la peur et l’angoisse, comme ce tableau inspiré du «Cri» d’Edouard Munch, ou cet autre tableau inspirant la douleur d’un enfant battu. Nabila reconnait cependant : «En tant que femme, c’est très difficile et je ne sais pas jusqu’où je peux aller sans troubler la tranquillité des miens». «Si on se laisse aller, on ne sait plus où sont les limites, où est la norme et où se situe la normalité», précise-t-elle. C’est donc en philosophe qu’elle aborde l’art pictural, étant convaincue que sa propre situation est vécue par beaucoup d’autres femmes et hommes. Elle n’est donc que le reflet d’une société qui a mal et qui ressent le besoin de dire sa douleur. Mais aussi ses joies et ses espoirs. L’écrivain Mhamed Hassani, qui accompagne cette exposition, déclare : «Perdue devant la perspective de se dévoiler au monde, elle se rebiffe, tente de se dérober mais finit par s’ouvrir à l’échange amical, tantôt fugace tantôt enfantin, mais jamais simulé. D’une franchise et d’une spontanéité exceptionnelle, elle dit son cheminement naturel comme une eau qui coule de source et va, contournant les obstacles, dessiner son destin, jusqu’à atteindre le regard en attente». Ces tableaux ont de quoi faire réagir le public, tant la douceur domine. bderrahmane Amara, un militant associatif qui ne tarif pas d’éloges sur les œuvres de l’artiste, dira : «Cette femme dégage beaucoup de sincérité par son regard et sa façon de s’exprimer. C’est un joyau qui a la chance d’avoir une famille qui l’entoure avec beaucoup de tendresse. Je crois que c’est ce qui l’encourage à éclore». Nabila Zizi n’a pourtant appris que les rudiments de la peinture, il y a fort longtemps. Le reste, elle l’a construit à force de travail et d’imagination. Elle dit ne pas utiliser de pinceaux. Elle préfère d’autres outils qui correspondent mieux à son ressenti, qui expriment mieux ses émotions. Une exposition à découvrir et à faire découvrir. Cette exposition a été intitulée «Art me Toi». Un subtile jeu de mots, qui invite le public, dans une confrontation toute en douceur, à s’armer d’outils qui s’adressent à la fois à l’intelligence et au cœur.

N. Si Yani

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