Cela fait exactement 23 années depuis que le jeune artiste Mourad Iheddaden, originaire de Takerboust, tomba au champ d'honneur en cette journée fatidique du 17 mai 1994, victime du terrorisme islamiste, alors qu'il effectuait son service national dans la région de Zbarbar.
Son village natal, Takerboust, perché sur les hauteurs des contreforts méridionaux du Djurdjura, n’a pas oublié son digne fils qui fut un exemple pour tous. À l’arrivée de ce douloureux anniversaire, les villageois lui rendent, à chaque fois, un vibrant hommage en se recueillant sur sa tombe, et en animant des activités pour honorer sa mémoire. Parti trop tôt, à l’âge de 21 ans seulement, Mourad, pour les intimes, a laissé une empreinte indélébile dans la région. Il était connu pour son engagement pour la cause Amazighe, à travers surtout ses œuvres musicales. De l’avis de ses concitoyens, il était promis à un avenir radieux avec son sérieux et son abnégation. Il était bien parti pour embrasser une belle carrière artistique, mais le sort en a voulu autrement. Doté d’une voix douce et puissante, Mourad Iheddaden a su subjuguer un large public qu’il a réussi à conquérir et ce, dès son premier album. Il a commencé a produire un second album, mais la vie ne lui a pas laissé le temps de l’achever. L’opus a toutefois été repris par le groupe « Itrane » de la même localité. Mourad Iheddaden a laissé un répertoire composé de belles chansons interprétées avec brio, non sans susciter beaucoup d’émotion chez les auditeurs, qui apprécient beaucoup son style et sa voix cristalline. Ses chansons sont restées indémodables et surtout très écoutées malgré le temps. Ainsi, l’on fredonne encore ses belles chansons mélodieuses et à textes éloquents à l’instar de: « Tɛiciɣ deg lexyal-im », « Aẓekka ilem », « Numidya », « Ṣebeṛɣ dayen ṣebṛeɣ », « Tamuṛt »… «La mort tragique de cet artiste au talent indéniable a laissé un grand vide, et surtout une grande frustration, il était si jeune et avait devant lui un avenir prometteur, avant que la faucheuse ne vienne subitement l’arracher aux siens et au monde artistique», regrette-t-on à Takerboust.
Y.Samir
