À qui la responsabilité ?

Partager

«Rapprocher le citoyen de la nature», était le slogan de la Journée mondiale de l’environnement, célébrée hier. Dans la wilaya de Tizi-Ouzou, l’état des lieux laisse à désirer.

A travers les villes et villages de la wilaya, la dégradation de la situation environnementale est flagrante. Les paysages sont défigurés par les ordures, par la multiplication des décharges sauvages, qui mettent en danger la faune, la flore et la santé publique, notamment avec la montée sensible des températures à l’approche de l’été. Des décharges, entre autres celles situées entre les communes de Béni Kessila et Ait Chafaa, Yakouren et Adekkar, ou Souama et Ait Khlili, ou encore celles d’Aït Yahia et d’Irjen, qui suscitent beaucoup de polémique ces derniers jours. Le mal est identifié, mais personne n’a la solution. La direction de l’environnement charge quant à elle les communes et appelle chacun «à prendre ses responsabilités», dira Mme Haddadou, la première responsable du secteur de l’environnement dans la wilaya. «La gestion des déchets, ce n’est pas le problème de l’environnement, c’est celui des communes. Les maires sont responsables de leurs territoires, nous, nous intervenons pour réaliser les grands ouvrages et pour récupérer ces déchets», dira la responsable. Elle ajoutera : «L’Etat a inscrit des projets pour régler le point noir de l’environnement, il s’agit des CET, mais ceux-ci ont été refusés par les citoyens». La directrice regrette le fait que «les citoyens veulent se débarrasser de leurs déchets, mais chez les autres». Selon elle, «ils cherchent la solution facile», préférant transporter leurs déchet dans d’autres CET déjà réalisé dans d’autres communes. «Les déchets des décharges sont jetés dans la nature, puis on les retrouve dans les rues, les forêts», avoue la responsable. Et le nombre de CET réalisé est «nettement insuffisant», a-t-elle ajouté.

Quand le citoyen fait du tort à lui même

Dans le programme quinquennal de l’Etat, 7 CET ont été inscrits au profit de la wilaya, quatre seulement sont opérationnels. Les trois autres sont «bloqués par les oppositions», regrettera encore la responsable qui a précisé que sa direction a été obligée d’apporter des solutions de rechanges, pour accompagner la volonté du citoyen. «Nous avons opté pour une solution à long terme qui est la récupération, à travers des centres de tri, et ça marche à Tizi-Ouzou, même le mouvement associatif s’y implique», a-t-elle expliqué, car «l’enfouissement est une solution qui ne sera pas durable et nous encourageons les jeunes à s’investir dans le créneau de la récupération des déchets». Par ailleurs, et pour ce qui est de la capacité de la direction à concrétiser les projets de centres de tri au niveau des villages, Mme Haddadou reste optimiste et évoque le concours Aissat Rabah, du village le plus propre. «Le tri est en effet un paramètre dans ce concours. Les gens s’y intéressent et il y a une réelle concurrence. Ceci au niveau des villages. Dans les communes en revanche, ils ont un petit budget alloué à l’opération, ils doivent bien le gérer. Ils peuvent créer des sites pour enfouir leurs déchets, ils peuvent créer des compostes s’ils le voulaient, puisque la population ne veut pas des CET», expliquera-t-elle encore. En attendant de définir la responsabilité de chacun quant à la situation de l’environnement dans la wilaya, le danger demeure réel. Au niveau des CET, la récupération des déchets au niveau des casiers «ne se fait pas à 100%, on attend l’ouverture de centre de tri et là on va récupérer 100%. La partie non récupérée est enfouie pour le moment», a avoué la directrice de l’environnement. Concernant toujours les CET, des voix se sont levées ce derniers temps, dénonçant une fuite de la matière toxique dite lixiviat dans la nature. La responsable avoue mais minimise : «Il ne faut pas s’alarmer, nous maîtrisons cette substance, nous avons des bassins de décantation. Après 98 jours, on libère l’eau dans la nature, mais on n’est pas complètement satisfaits, il ya toujours un petit reste. Pour accentuer le traitement, le ministère a inscrit des opérations, à savoir notamment une station osmose-inverse dont a bénéficié la wilaya, elle traitera cette matière. Elle sera installé incessamment», a-t-elle révélé.

Kamela Haddoum.

Partager