Les rengaines du Ramadhan

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S. Ait Hamouda

Il ne serait pas superflu, mais pas du tout, d’aller de Charybde en Scylla en pareilles conjonctures, où rien n’est sûr, rien n’est garanti, rien n’est certifié de regagner sa demeure sans encombres. Il y a ce qu’on appelle le conjoncturel par son avènement hasardeux et ce qu’on désigne sous le vocable du prédestiné, comme une tuile qui vous tombe sur la tête ou une ruade de bourricot qui vous déforme la tronche ou fait avaler la poussière en se renversant sans faire attention. Cependant lorsqu’on prend garde, on surveille les alentours, on scrute au loin s’il n’y a aucun danger à l’horizon, ce qui pour le moins diminuera, le risque de périr inopportunément, sans que l’heure fatale ne soit arrivée. En fait, qu’est ce qui menace le plus «l’homoalgérianus» si ce n’est la fortune qui lui a tourné le dos depuis des lustres. Et sans argent, il devra faire montre d’un trésor de patience qui soulagera un tant soit peu sa misère et la rende plus supportable. Non pas qu’il tienne à son indigence qu’il porte comme un étendard fripé au-clair, comme un laissez-passer par jour de rafle, comme un fer à cheval, pendu au cou tel un talisman. Il cherchera, malgré tout, une chance dans le fatras des opportunités désuètes qui s’offrent à lui par défaut ou par le plus simple des hasards. De toutes les façons, qu’il le veuille ou pas, le Ramadhan est parmi ceux qui le guettent et ne le lâchent qu’à la rupture du jeûne. Du début à la fin du carême, il est tarabusté au point de perdre l’alpha et l’oméga, de rater tout de l’aube au crépuscule et de se reprendre comme un bleu aux soirs de la rupture. Il se découvre soudainement heureux, comme un enfant, comme un chérubin, comme un ange, à chanter les vieilles rengaines. «L’homoalgérianus» aime sa foi inébranlable et elle aussi l’aime d’un amour inénarrable.

S. A. H.

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