S. Ait Hamouda
Ne dis mot ! Ne dis rien ! Tais-toi ! Ferme-la et travaille en roulant les pousses! C’est un labeur éprouvant que de croiser les mains et se rouler les gros doigts dans un sens puis dans l’autre, avec attention, application. Il n’y a pas plus éprouvant que cette occupation. D’ailleurs, elle est bien prisée par les ouvriers tire-aux-flancs, ils l’aiment d’entre toutes les charges. Surtout par temps d’abstinence alimentaire, comme celui présent. Le carême nous recommande : la sieste sans modération et la veillée jusqu’à l’appel du muezzin, puis se rendormir jusqu’à la rupture du jeun. Et lorsqu’un malotru vient vous déranger, perturber votre sommeil, votre silence, votre farniente … foutez-lui votre poing sur la tronche ! Ou renvoyez-le manu-militari ! Votre repos est sacré, qu’on ne s’aventure pas à le perturber ! Ne laissez personne attenter à votre sérénité «ramadanesque». Votre journée est réglée comme du papier à musique, comme une montre suisse, dodo, puis dodo, puis dodo, et après, réveil, bouffe. Là tu te goinfres, tu te remplies la panse de tout ce que tu t’es approvisionné en quantité : sucrerie, viande, café, limonades, fruits… Au diable la vie chère ! Elle est abordable, et puis c’est quoi un Ramadhan à des prix bas ? Ce n’est pas un mois que l’on sent, que l’on subit, que l’on éprouve… Ce n’est pas une corvée, ce n’est pas un exercice de prouesses à la en veux-tu en voilà c’est un devoir pour tout musulman qui se respecte. Si tu es obligé de te rendre au travail, crée un paravent entre toi et les usagers, ils ne sont là que pour te déranger en cette période divine où les colères sont bannies du comportement du croyant. Vaque à tes occupations le plus tard possible, ne sois jamais à l’avance. Laisse les autres se lever tôt, aller bosser pour toi, et ramasse les subsides comme un maître, un patron, un chef… Ne dis mot ! Ne fais rien ! dors ! C’est tout ce qu’on attend de toi au mois de Ramadhan.
S. A. H.