«Farid Ikken présenté hier devant un juge anti-terroriste»

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Farid Ikken, l'auteur de l'attaque au marteau, mardi dernier, contre une patrouille pédestre de policiers devant la cathédrale Notre-Dame de Paris, a été présenté hier à un juge antiterroriste en vue d'une mise en examen.

C’est ce qu’a annoncé le procureur de Paris, François Molins. «On a constaté que les premiers éléments de l’enquête, en particulier l’exploitation de nombreux supports numériques concernant l’assaillant du parvis de Notre-Dame, indiquent que le coupable présente un minima d’adhésion à l’organisation terroriste de l’Etat islamique», a annoncé le procureur de Paris, lors d’une conférence de presse, hier. Selon ce dernier, les premiers éléments de l’enquête ont révélé «un intérêt très marqué pour les terroristes de Daech». La conclusion a été faite, dit-on, suite à l’exploitation des différentes pièces à conviction recueillies sur les lieux du crime, ou encore au domicile de l’assaillant. «Pendant son passage à l’acte, l’assaillant était porteur d’un ordinateur portable dont les premières exploitations permettent d’établir la présence de nombreux fichiers de propagande djihadiste, notamment deux couvertures en langues arabe et anglaise du manuel d’action des loups solitaires édité par l’Etat islamique», a indiqué le procureur. Et d’ajouter : «Des images de l’attentat de Londres du 3 juin, des vidéos glorifiant les attentats de Paris et de Bruxelles, une vidéo d’allégeance des auteurs de l’attentat commis à l’église de Saint-Etienne en juillet 2016 y ont été retrouvées». M. Molins a fait part de quatre clés USB saisies, dont le contenu est «des vidéos et des images de victimes de combats en Syrie, ainsi que d’autres de propagande de volontaires effectuant des prestations d’allégeance à l’Etat islamique». Ont été retrouvés également «une photo de Mohamed Merah et un guide de combat de Daech intitulé les soldats du califat en terres des fronts dont il semblait être l’auteur», a déclaré le procureur en évoquant par ailleurs «des éléments de sons sur les années de sang en Algérie, en Iraq et sur les Frères musulmans». Un appareil vidéo figure aussi dans les pièces examinées. Ce dernier, dit-on, contient «une seule vidéo 1m 54s dans laquelle un individu de profil, une photo coupée du drapeau islamique accroché derrière lui, pointe l’index droit vers le ciel et lit un texte d’allégeance en arabe, puis en français». «Cette vidéo date du 6 juin, à 4h37, et a été tournée chez Farid Ikken où une photo du drapeau islamique a été découverte déchirée. Il comptait l’envoyer à Daech via un compte télégramme qu’il a ouvert», a-t-il ajouté. Plusieurs témoignages ont été recueillis dans le cadre de l’enquête à savoir celui de son directeur de thèse, qui l’a décrit comme «quelqu’un d’ouvert et d’intelligent, travailleur et un fervent défenseur des valeurs occidentales». Il a affirmé qu’il «l’avait sollicité en décembre 2016 pour faire un point sur l’avancement des travaux de sa thèse mais n’avait jamais eu de retour, ce qui l’avait étonné». Deux membres de la famille de Farid Ikken, un frère et un cousin résidant en France, ont été aussi entendus. « Ils ont décrit un individu solitaire, sérieux, discret calme d’une famille kabyle non pratiquante». Ils ont indiqué «n’avoir jamais perçu le moindre signe de radicalisation qui expliqueraient les faits commis, ils ont exprimé la stupeur et l’incompréhension de la famille en Algérie». Le procureur de Paris a révélé en outre que Farid Ikken «a avoué directement les faits et s’est défini comme un musulman sunnite et a affirmé avoir une pratique plutôt dure depuis dix mois. Un processus de radicalisation solitaire sur internet, une allégeance faite par écrit et filmée à son domicile». «L’information judicaire devra s’attacher à mieux cerner le profil de Farid Ikken et à notamment dicter, de la manière la plus précise, le début de processus de radicalisation», a expliqué M. Molins.

Kamela Haddoum.

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