Dans la commune de Sidi Aïch, à l’instar d’ailleurs des autres régions de la wilaya de Béjaïa, le mois sacré n’est souvent pas propice qu’à la piété et la solidarité.
Car dans un autre registre, c’est le mois de tous les délits par excellence, notamment pour les pratiques commerciales. Les marchés et autres aires commerciales sont loin de se plier aux conditions d’hygiène et de respect des normes de sécurité. «La velléité des responsables du commerce, conjuguée avec l’insouciance de certains commerçants invétérés, hypothèquent sérieusement la santé des consommateurs. Chassez le naturel, il revient au galop, selon un proverbe français. Sémantiquement, cela veut dire que l’on aura beau dissimuler nos réflexes innés, ceux-ci ont toujours tendance à revenir à la surface», se désole un vieil homme rencontré chez un épicier à Sidi Aïch. Ce sont carrément des comptoirs qui sont installés en dehors de l’enceinte de leur échoppe où toutes sortes de produits sont étalés prêts à être servis aux clients sans tenir compte de l’effet du soleil ni de la poussière. L’étalage des denrées à l’air libre ne semble guère inquiéter et les consommateurs et les commerçants. Ces derniers sont peu tintouins quant au réel danger qui les guettent en consommant des produits laissés à la merci de la poussière et des moustiques. Zlabia, kelb el-louz, pain-brioché, poulet, viande… sont autant de produits entreposés ou accrochés à des esses, mais loin d’être salubres au vu de la chaleur et de la poussière qui font des siennes. C’est justement ce qui caractérise la situation qui prévaut à chaque Ramadhan concernant ces denrées alimentaires. «Certains épiciers ou bouchers sont vraiment indécrottables. Les services compétents se tuent à les prévenir qu’il n’est pas autorisé d’exposer ces produits susceptible de s’avarier en si peu de temps, mais ils n’ont d’oreilles que pour leurs propensions vénales en continuant à se passer des règles élémentaires d’hygiène et de préservation de ce produit, dont les conséquences d’une avarie quelconque peuvent être très risquées pour la santé des consommateurs», commente un citoyen apostrophé au marché de Sidi Aïch. Les responsables du commerce se doivent de réagir fermement et mettre un tant soit peu de l’ordre dans ces espaces en matière de salubrité publique et de lutte contre le mépris envers le consommateur. Ce qui suppose que la discipline doit être de rigueur en matière de pratique commerciale et l’anarchie que résument la fraude et la non-conformité des produits étalés n’importe où et n’importe comment sera éliminée. Cependant, le mois de carême ouvre des brèches aux personnes sans scrupule qui s’improvisent revendeurs de toutes sortes de produits alimentaires à tous les coins de rue, au mépris du cadre légal. Le dindon de la farce, le client affamé, cède à la pression du tube digestif, sans se soucier des conditions de vente. Le hic est que les consommateurs sont, pour leur part, loin de constituer des «victimes», ou alors ce serait des victimes bien consentantes puisque personne n’ignore que ces marchandises peuvent s’avérer très dangereuses pour la santé. Cette situation n’est pas l’apanage d’une seul localité ou région, car aux quatre coins de la wilaya de Bgayet, le respect des règles d’hygiène semble être jeté aux oubliettes. De Tazmalt à Kherrata, de Beni Maouche à Adekar, le verdict est sans appel. Les infractions ne se limitent pas qu’à l’absence des normes d’hygiène, car parmi les principales entorses enregistrées figurent l’absence de facturation, non-affichage des prix, dépassement des prix fixés par l’Etat, absence de registre du commerce, pratique d’une activité autre que celle déclarée sur le registre du commerce.
Bachir Djaider