La procédure suspendue !

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À l’approche de l’anniversaire de l’assassinat de Matoub Lounès (25 juin), la procédure de classement de la demeure du rebelle connait un rebondissement inattendu.

En effet, la procédure de classement de la maison de Matoub Lounes, enclenchée par les autorités locales, comme patrimoine local et national culturel, a été récemment «suspendue», a-t-on appris de la directrice de la culture de la wilaya de Tizi-Ouzou, Mme Goumeziane Nabila. Cette dernière explique que la procédure ne peut être menée à terme sans l’aval de la famille dans son ensemble, c’est-à-dire tous les héritiers du défunt. Et la raison de cette suspension réside justement à ce niveau. Il est en effet de notoriété publique que la veuve du rebelle et sa belle-famille (la sœur et la mère de Matoub Lounès) sont loin d’être sur la même longueur d’onde. «Tant que les ayants droit sont en conflit par apport à cette affaire, la direction de la culture met le dossier en sursis», avouera plus ouvertement la directrice de la culture. «La direction ne peut se permettre de s’immiscer dans un conflit familial», a-t-elle ajouté, sans aller plus loin, vu la sensibilité du sujet. La responsable a signifié que les deux parties concernées, à savoir la sœur du défunt et sa veuve, ont été destinataires, par écrit, de la décision de suspension de la procédure. Pour rappel, la veuve de Matoub Lounès, Nadia Matoub, avait fait opposition à ce projet qui était soutenu par la sœur du défunt, Malika Matoub. La directrice de la culture précise par ailleurs, comme pour dire que ce n’est pas la direction de la culture qui s’est désengagée volontairement, que c’est «la veuve du défunt Matoub Lounès qui a fait une opposition par voie de huissier de justice». «Et tant qu’il n’y a pas une unanimité sur le dossier, il restera suspendu. On s’est lancés dans le projet, dans le souci de préserver et protéger cette maison, comme on l’avait fait avec celle de Cherif Kheddam et d’Igarbouchène. La procédure est en cours aussi pour la maison de Cheikh El Hasnaoui, mais dans les trois cas, les familles étaient et sont favorables à l’action et on n’a aucun problème, ce qui n’est pas le cas avec la maison Matoub», a précisé la directrice. A signaler par ailleurs que le courrier dont a été destinataire la veuve de Matoub a fuité et fut largement partagé sur les réseaux sociaux. On peut lire sur le document daté du 11 juin dernier : «Suite à votre objection quant au classement de la demeure de votre époux, feu Matoub Lounès, sur les listes du patrimoine local et national, formulée et remise par vos soins à mes services, j’ai l’honneur de vous informer que la procédure de classement de ladite maison est suspendue». Pour rappel, la proposition de classement avait été émise par la direction de la culture en mars 2016. Le dossier a été alors transmis à une commission de wilaya pour étude. La veuve du rebelle avait, aussitôt l’information connue, contrairement à la mère et à la sœur du rebelle, émis son opposition. Aucune réponse ne lui avait été signifiée à ce moment-là. Début octobre, elle a réitéré son opposition par voie d’un huissier de justice et une action a été introduite par l’avocat de la veuve. Une requête qui semble avoir été finalement prise en compte. La procédure est donc officiellement suspendue.

Kamela Haddoum.

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