Allaoua fait décoller la ville

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Pour son retour à Tizi-Ouzou, l’artiste Mohamed Allaoua a vu les choses en grand. Et il avait bien raison. À voir le tableau et les moments ressortis de ce mémorable concert devant près de quinze mille personnes, Allaoua a sans doute réussi, avant-hier, à gravir une autre marche dans sa carrière.

Toute une ville, la capitale de la Kabylie lui était acquise. Un seul autre nom avait osé jusque-là un tel défi : l’intraitable Takfarinas. Ils sont désormais deux à l’avoir fait ! Ce sont deux mondes certes différents, avec l’orchestre de Tak et son armada de musiciens du…«Cuivre», mais Allaoua n’est désormais pas plus bas sur l’échelle des fans. Bien au contraire ! Et il l’a bien prouvé avant-hier. Il a fait décoller la ville de Tizi-Ouzou. Le stade Oukil Ramdane a vécu un séisme festif. Que de la joie ! C’était digne des grands spectacles qu’on ne voit qu’à la télé ! C’était magique ! «Magnifique !», comme l’aurait répété encore Tak s’il était là. Allaoua a en tous les cas su comment faire. Comment emporter cette foule venue assister à son spectacle, organisé par une boite privée. Dès sa montée sur scène, l’artiste est accueilli par un tonnerre mélangé d’applaudissements et de cris du grand public. Une première pour ce petit bout d’homme, habitué jusque là aux salles, à Tizi-Ouzou, très ému de voir le stade plein à craquer pour lui. Jamais vraisemblablement a-t-il été accueilli aussi chaleureusement malgré son aura sur la place publique. «Je suis très ému de voir un tel public. Nous allons passer ensemble une très belle soirée». C’était vers 22h45, avec un retard expliqué par le souci d’attendre la sortie des fideles de la mosquée pour ne pas les brouiller dans leurs prières. Une fois que l’artiste eut entamé son tour de chants, Ce fut le grand envol, c’est à croire que le stade n’était plus à terre. La ville vibre, on se sent entre ciel et terre, agréablement élevé et emporté. Dans le public on se laisse machinalement emporter au gré du chant, des vibrations et des répliques ! La foule reprend l’artiste sur chacun de ses titres. On déroule le répertoire en chœur. Pas donné à n’importe quel artiste de partager une telle affinité avec son public ! «L’houbiw amazwaru», «Nan-d ala», «Ssar tamurt», «assed ar ghori» sont autant de titres que Allaoua a repris dans l’allégresse. La masse des fans se laisse emporter au grès du rythme comme une embarcation qui se fait bercer par les vagues. Tantôt dans le calme et la douceur, et tantôt sous les décibels et l’ambiance de folie des titres rythmés. Par moments, c’est à croire qu’un volcan est en éruption. Ca emballe et sa décoiffe ! ca vous emporte physiquement et ca vous titille profondément. C’est au milieu de cette ambiance folle que Mohamed Allaoua a rendu hommage à certains artistes disparus, dont Cheikh El Hasnaoui, Matoub Lounès , et Brahim Izri en reprenant leur chansons, dont celle de Brahim Izi, «Achouyi» qui a été largement reprise par le public. Vers minuit, Allaoua s’est retiré pour une petite pause et a cédé la scène à son ami et complice, Brahim Medani, pour un tour tout aussi emballant. À son retour, l’ambiance qui n’a jamais baissé montera encore d’un cran, et la soirée s’est poursuivie jusqu’aux environs 2 heures du matin. Le show fut, plus qu’un spectacle, un événement qui marquera la ville. Il ne peut en être autrement. À signaler enfin, l’important dispositif sécuritaire mis en place pour le bon déroulement de ce spectacle. Le public mérite aussi une note qui flatte pour avoir respecté les consignes des organisateurs, qui ont réservé les tribunes aux familles et la surface du terrain aux jeunes en quête de défoulement.

Nadia Rahab.

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