«L’université de Béjaïa s’est hissée de la 25 à la 6e place»

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à travers cet entretien, Pr Boualem Saïdani, recteur de l’université Abderahmane Mira, fait une halte après quatre ans de règne pour établir son bilan. Il évoque aussi les questions de l’heure se rapportant au fonctionnement de l’institution.

La Dépêche de Kabylie : La rentrée universitaire 2017-2018 est déjà à nos portes, l’ouverture du nouveau pôle d’Amizour est incertaine et le chantier du nouveau pôle d’El-Kseur a enregistré un retard. Par conséquent, comment préparez cette rentrée ?

Boualem Saïdani : Comme chaque année, la rentrée universitaire se prépare suffisamment à l’avance, et le ministère nous accompagne dans cette opération récurrente. Pour revenir à votre question, je rappelle que l’université de Béjaïa dispose actuellement de 46 000 places pédagogiques, dont 4 100 places du campus d’Amizour et les 6 000 places du campus d’El Kseur étant en phase de finalisation; et les autorités ministérielles et de wilaya œuvrent pour une livraison rapide de cette nouvelle infrastructure. Les effectifs étudiants s’élèveront pour la rentrée prochaine à environ 45 000. Tenant compte du coefficient de foisonnement, nous assurons une rentrée universitaire dans des conditions normales, excepté quelques difficultés gérables que nous rencontrons au niveau de l’ancien campus de Targa Ouzemour, qui est au seuil de la sursaturation. Cependant, les infrastructures ne représentent qu’une partie du dispositif global de préparation de la rentrée universitaire. En effet, nous préparons aussi l’encadrement pédagogique, administratif et technique nécessaire, nous mettons à jour nos offres de formation, nous élaborons de nouvelles spécialités, nous préparons les équipements utiles à la formation et à la recherche, sans oublier la préparation des conditions d’accueil des nouveaux bacheliers, qui constitue une opération de grande importance pour laquelle l’université mobilise tous les moyens requis, y compris ceux relatifs à la numérisation des procédures de gestion pédagogique et administrative. Je garantis que tout est fin prêt pour assurer une bonne rentrée universitaire à Béjaïa.

Béjaïa est une ville d’histoire et de civilisation. à quand l’ouverture d’un institut ou d’une faculté d’histoire ?

Nous sommes conscients de l’importance et de l’intérêt d’avoir un département d’histoire au sein de l’Université de Béjaïa. Il est en effet regrettable que l’établissement n’ait pas ouvert une structure dédiée à l’histoire, dans une ville d’histoire et carrefour des civilisations. Pour combler cette lacune et dans la perspective de la création proche d’un département d’histoire, une offre de formation dans la discipline vient d’être lancée avec une trentaine d’étudiants. L’Université de Béjaïa, à travers ses instances pédagogiques et avec le soutien de notre ministère, mobilisera les moyens nécessaires permettant la mise en place d’un département qui rayonnera et participera à la valorisation de notre patrimoine et glorieuse histoire. Une première action dans ce sens a déjà été entreprise à travers la signature de conventions et de partenariats avec plusieurs institutions engagées à apporter leur soutien à cette formation, telles le centre national des études et de recherche dans le mouvement national et la révolution du 1er Novembre 1954, et le centre national des archives, toutes les deux signées respectivement en août et novembre 2016.

Le syndicat autonome SNAPAP se plaint des « pressions » exercées sur ses membres au niveau de l’université et des structures des œuvres universitaires en particulier. Que répondez-vous ?

L’administration de l’université est respectueuse de l’exercice du droit syndical consacré par la loi 90-14 du 02-06-1990 modifiée et complétée. Ce droit doit s’exercer dans un cadre légal, dans une organisation syndicale agréée par les autorités compétentes. Effectivement, à l’Université de Béjaïa, un groupe de travailleurs a voulu récemment lancer une section syndicale SNAPAP. Ayant confirmé auprès des autorités et responsables que celle-ci n’a pas été installée par le représentant du SNAPAP habilité à l’échelle de la wilaya, nous avons aussitôt informé le représentant des travailleurs voulant créer cette section, en l’occurrence Mihoub Samir, conducteur automobile, de la nécessité du respect des procédures et de la loi régissant l’activité syndicale. Il ne s’agit nullement de pression mais plutôt du souci d’une application correcte et du respect de la loi par l’administration. Quant aux travailleurs relevant des œuvres universitaires, je rappelle qu’ils ne font pas partie des effectifs de l’université. Leurs actions d’entrave au fonctionnement et bon déroulement des activités pédagogiques au sein de l’université ne peuvent être tolérées et les dispositions qui s’imposent seront prises.

Suggérez-vous qu’il y a des entraves à vos projections ?

Depuis mon installation en janvier 2013, j’ai travaillé en équipe et en concertation avec toutes les structures de l’université, pour partager ma vision et mettre en place une stratégie de développement de l’établissement à court et à moyen termes. Le protocole de gestion participative mis en œuvre a souvent été concluant et a permis d’atteindre les objectifs qui ont été fixés. L’université de par sa nature et sa spécificité connait parfois des actions de protestation, voire même de fermeture de campus, qui pénalisent fortement le bon déroulement des activités pédagogiques et qui portent préjudice à la qualité de formation. J’appelle l’ensemble des acteurs de la communauté universitaire à œuvrer pour la consolidation d’un climat de travail serein et à l’accompagnement du plan de développement de l’université.

La gestion des œuvres universitaires à Béjaïa enregistre ces trois dernières années une décadence en matière de qualité des services et d’encadrement. Quel est le rôle du recteur devant cet état de fait ?

Permettez-moi de vous confirmer que contrairement à ce que pensent certaines personnes et à ce qui est parfois publié sur les réseaux sociaux, la gestion des œuvres universitaires a connu une nette amélioration. En matière d’hébergement, les directions des œuvres universitaires de la wilaya de Béjaïa ont bénéficié d’un programme de réhabilitation des anciennes infrastructures et de réalisation de trois nouvelles résidences dotées de structures de loisirs, de sports et de culture. En l’espace de trois ans, nos capacités d’hébergement ont été renforcées de 8 000 lits supplémentaires, ce qui a permis une nette amélioration du cadre de vie estudiantin. Le transport, quant à lui, s’est vu renforcé par une flotte de nouvelle génération. Pour ce qui est de la restauration, à l’exception de quelques insuffisances circonstancielles, cette prestation reste à mon sens globalement acceptable. Mesdames les directrices des œuvres universitaires de Béjaïa et d’El Kseur, chargées de ce dossier, peuvent vous donner plus de précisions. Les indicateurs positifs que je viens de citer sont le fruit des moyens humains et financiers consentis par le ministère de tutelle, et le résultat des réunions de coordination que nous organisons régulièrement avec les directions des œuvres universitaires. Ce travail de coordination que je mène émane d’une conviction profonde que les résultats pédagogiques sont aussi tributaires de la bonne prise en charge des étudiants en matière d’œuvres universitaires.

Qu’en est-il du taux d’échec et de réussite à l’université de Béjaïa ?

Nous avons constaté que l’orientation des nouveaux bacheliers est un paramètre déterminant dans la formation et la réussite d’un étudiant. C’est pourquoi il y a eu un effort considérable accompli dans ce sens par la tutelle lors des inscriptions des nouveaux bacheliers, mais aussi par les équipes pédagogiques durant le cursus universitaire, dont le résultat a permis d’améliorer sensiblement le taux de réussite des étudiants. À l’Université de Béjaïa, le taux de réussite global en première année Licence en 2016 est de l’ordre de 64%. En 3ème année Licence, ce taux a atteint les 77%. Quant au Master, nous enregistrons un taux de réussite de 83%. Je suis certain que ces taux peuvent encore être améliorés en respectant davantage le temps pédagogique requis, et l’utilisation fréquente des nouveaux outils numériques et supports pédagogiques.

Quelles appréciations faites-vous des avancées enregistrées depuis votre intronisation ?

Dès mon installation, il y a de cela 4 années, j’ai élaboré avec mon équipe une stratégie de gouvernance basée sur une gestion participative et le partage d’objectifs. Nous avons alors intégré dans cette démarche, essentiellement, les actions suivantes : La mise en place des structures et des instances de l’université selon l’organigramme officiel, la création de laboratoires de recherche dans chaque faculté pour donner sens au statut de l’enseignant-chercheur, la mise en place de procédures adaptées pour une dynamique de production scientifique de qualité, l’amélioration de la visibilité et l’élévation du rang de l’université sur la scène nationale et internationale, la diversification et professionnalisation des offres de formation, l’amélioration de l’employabilité des diplômés et leur accompagnement dans la création d’entreprises, l’intégration des outils numériques dans la gestion et la formation à l’université, le suivi et l’achèvement du programme de réalisation et d’équipement des infrastructures de recherche, et enfin le suivi de la réalisation des deux nouveaux campus d’Amizour et d’El Kseur et le renforcement du réseau de coopération national et international. Sur le terrain, nous enregistrons avec satisfaction l’adhésion de la communauté universitaire à cette démarche et à ses objectifs. Le résultat obtenu est appréciable, ce qui a d’ailleurs hissé aujourd’hui l’Université de Béjaïa à la 6e place du classement des universités algériennes alors qu’elle occupait la 25e place en 2012. En termes d’infrastructures, nos laboratoires de recherche disposent maintenent de structures adaptées, et l’université est renforcée par de nouvelles réalisations qui permettront plus d’attractivité d’étudiants, de commodités de travail et de confort. Au regard des moyens humains et financiers consentis par l’Etat au bénéfice de l’Université de Béjaïa et de la confiance qui nous est accordée par Monsieur le ministre, nous avons l’ambition de faire de notre établissement le fer de lance du progrès socio-économique de la région, et un acteur essentiel au service du développement du pays.

Entretien réalisé par T. Mustapha.

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