La session ordinaire de l’APW qui a duré deux jours (mercredi et jeudi derniers) s’est penchée longuement sur des volets importants, à savoir le budget supplémentaire, le bilan de l’exécutif de wilaya, le rapport de la commission d’enquête concernant la gestion de l’EPH d’Azazga, le vote du BS et des délibérations sur la gestion de la maison de la presse Malik Ait Aoudia et surtout le secteur de l’eau en plus des divers.
Au premier jour, c’était au président de l’Assemblée, M. Mséla, d’ouvrir le bal avec un discours fleuve, où l’orateur a eu à décortiquer la situation qui prévaut au niveau de la wilaya. D’emblée, il déclare : «Le vase est presque plein. C’est le moment d’intervenir pour éviter son débordement. Élus comme administration, nous sommes tous interpellés à œuvrer en vue d’améliorer les conditions de vie et le quotidien des habitants de la wilaya de Tizi-Ouzou». Concernant justement le BS, le président le qualifie «d’insignifiant». «La coupe est drastique puisque sa réduction est de plus de 50%. L’austérité est bien là. On peut même penser que notre pays est entré en récession. Le BS 2016 était de l’ordre de 47 milliards, pour l’année en cours, il est descendu à 23 milliards», soulignera-t-il, en précisant : «Notre wilaya fait face à une situation difficile sur les plans économique et social. Cette situation est aggravée par la crise économique de notre pays, provoquée par la dégringolade des prix du pétrole enregistrée depuis le deuxième semestre 2014 et ayant sensiblement affecté les équilibres macro financiers du pays. En réponse à cette crise, les pouvoirs publics ont décidé, au niveau central, de geler plusieurs projets structurants inscrits à l’indicatif de notre wilaya. Je cite, en effet, le nouveau CHU, le complexe mère-enfant, le barrage de Sidi Khlifa, les axes autoroutiers Aïn El Hammam – Draâ El-Mizan et Azazga – Azeffoun, les STEP du barrage Taksebt et l’incinérateur. L’APW de Tizi-Ouzou exige le maintien de ces projets et leur réalisation dans les meilleurs délais. Nous vous appelons également Monsieur le wali de régler immédiatement les problèmes qui ont engendré des arrêts ou retards de certains projets structurants, à savoir la pénétrante vers l’autoroute Est-ouest, la rocade nord, le transport par télécabine, les barrages d’eau et le nouveau stade de Tizi-Ouzou». Plus loin dans son discours, le P/APW aborde le chômage qui sévit au niveau de la wilaya : «Pas moins de 70 000 demandes d’emplois arrivent chaque année sur le marché du travail, au niveau de la wilaya. Avons-nous des offres d’emploi ? Avons-nous un tissu économique capable d’absorber ces fortes demandes d’emplois ? Le gèle des différents dispositifs de pré-emploi et le non renouvèlement des contrats d’insertion sociale n’a fait qu’aggraver la situation précaire des chômeurs», notera-t-il. Au sujet de l’eau potable, le P/APW relèvera : «À Tizi-Ouzou, le problème d’eau reste toujours posé. L’alimentation et la distribution de cette précieuse denrée sont toujours décriées. Toutes les régions de la wilaya sont touchées par la rareté de l’eau potable. Allons-nous revivre encore au rythme de la protestation ? Voulons-nous revivre le même cauchemar à chaque saison estivale ? Nous appelons encore une fois les différents intervenants à redoubler d’efforts pour faire parvenir l’eau aux populations».
Vote des délibérations et ouverture des crédits
Le second point au menu de la session est consacré au vote des délibérations et à l’ouverture des crédits. Les délibérations ont été votées à la majorité. Il s’agit d’un transfert de crédit de l’ordre de 60 millions de dinars, destiné pour l’opération bol de lait et de soutien aux repas des élèves du primaire. Une autre subvention de l’ordre de 1 093 148 732 dinars, destinée à la budgétisation d’une subvention d’équipement allouée par le ministère de l’Intérieur et des collectivités locales, est destinée à la mise à niveau de dix stades communaux, à l’aménagement d’une salle de sports au profit de la commune de Mekla, à la modernisation du service de délivrance des documents biométriques au niveau de la même commune de Mekla, à l’extension du réseau de l’électricité au niveau du village Imaloussen dans la commune de Timizart, à l’ouverture d’une piste agricole sur 5 kilomètres au même village, à la réalisation d’une piscine de proximité à Mekla, à la réalisation d’un réservoir d’eau pour l’alimentation du village Imaloussen et à la réalisation de deux réseaux d’assainissement à Imaloussen dans la commune de Timizart. L’autre délibération est relative à l’entretien et au gardiennage des écoles primaires pour un montant de plus de 513 millions de dinars. Une subvention de 1,3 million de dinars a été votée pour la réhabilitation et l’entretien des chemins communaux. Une enveloppe de 20 millions de dinars destinée aux frais exceptionnels et une autre de 173 millions de dinars destinée à la prise en charge de l’alimentation scolaire ont été approuvées. Une autre subvention d’un montant de plus de 767 millions de dinars destinée à l’augmentation des salaires des communaux a été également approuvée. 10 millions de dinars ont été votés pour les colonies de vacances des Sahraouis. Les associations sportives sont subventionnées pour 53 millions de dinars, les associations culturelles pour 10 millions de dinars, la création artistique a eu 5 millions de dinars, le CSA JSK a eu 15 millions de dinars, la coupe de la ligue de handball et de football ont eu 1 million de dinars chacune. Une subvention pour l’acquisition de produit pharmaceutique de 2 millions de dinars a été aussi votée. Les associations sociales ont eu 2 millions de dinars et les SDF ont eu 3 millions de dinars. Les dix fêtes de la wilaya ont eu 5 millions de dinars. 26 millions de dinars ont été votés pour les communes pour les opérations d’intérêt général. Enfin, une dernière délibération concerne l’adoption du BS de l’ordre de plus de 23 milliards de centimes.
Un rapport qui accable la gestion de l’EPH d’Azazga
La session a également abordé la maison de la presse Malik Ait Aoudia et le cahier des charges a été lu par le DAL. On apprendra, selon le cahier des charges présenté, que seuls les organes de presse nationaux sont habilités à souscrire un bail ne pouvant excéder trois années. L’espace cafeteria est soumis à la gestion de la commission des œuvres sociales de la wilaya. À signaler que la maison de la presse compte 40 bureaux. Le prix de location d’un bureau varie entre 4 000 à 6 000 DA/mensuel. La valeur locative mensuelle de l’ensemble de l’immeuble est de 257 900 DA. Au sujet de la commission d’enquête sur la gestion de l’EPH Meghnem Lounas d’Azazga, le rapport lu révèle que cet établissement de 272 lits, couvre trois daïras, à savoir Azazga, Bouzeguène et Mekla, soit une population estimée à 185 000 âmes. Des visites de l’établissement ont été effectuées et des réunions avec le directeur de la santé publique, les responsables de l’EPH et les syndicats ont été tenues en février 2017. Les membres de la commission à travers leur rapport ont relevé que l’EPH se trouve dans un état d’insalubrité totale et que les générateurs d’hémodialyse se retrouveront bientôt hors usage». Sur le plan sécuritaire, les membres notent que «l’EPH souffre de manque d’agents de sécurité spécialisés». Ils relèvent aussi que «les logement de fonction sont occupés par d’anciens fonctionnaires du secteur d’une manière illégale». Concernant l’objet même de la création de la commission d’enquête, à savoir l’hospitalisation, le suivi et le décès de la patiente Tabti Ferroudja, les membres de la commission ont repris le compte rendu du praticien spécialiste qui dit que la patiente «s’est présentée au service des urgences le 4 novembre 2016 pour douleur abdominale. Trois jours plus tard, malgré les soins prodigués, la patiente présentait un état d’inconscience puis son état a empiré d’où la décision de la dialyser. Le 9 novembre son état était stationnaire mais toujours comateuse. Un jour plus tard, la malade sombre dans le coma et fait un arrêt cardiovasculaire d’où la nécessité d’une réanimation d’urgence. Après d’autres arrêts cardiaques, la patiente est décédée à 21 heures 30 minutes». En fin de leur rapport, les membres de la commission signalent «des lacunes dans la gestion du tableau de garde des spécialistes en réanimation, puisque le réanimateur était en congé et ne s’est pas fait remplacé et même l’administration n’a pas procédé à son remplacement au moment opportun».
«Les oppositions sont un frein au développement de la wilaya»
Dans l’après-midi du premier jour de la session, il était question du bilan des activités de la wilaya de Tizi-Ouzou. Le secrétaire général de la wilaya, Tibourtine Azedine, s’est longuement étalé sur l’ensemble des projets réalisés et ceux en cours. Le débat a été ouvert aux élus qui ont eu à déplorer le retard qu’enregistre la wilaya de Tizi-Ouzou dans divers domaines. Certains élus sont même allés jusqu’à accuser le pouvoir central d’être responsable de la situation dans laquelle patauge la wilaya. «Ce sous-développement et ce retard ont été décidés ailleurs. C’est voulu, prémédité et décidé ailleurs», ont-ils clamé. Les élus ont également réclamé la prémunition de la wilaya des gels, des restrictions et de l’austérité. Plusieurs doléances ont été soulevées dans les domaines de la santé, de l’eau, du gaz, de l’environnement, du chômage, des fléaux sociaux, des réfugiés et de l’insécurité. Les insinuations et les accusations ne sont pas tombées dans l’oreille d’un sourd, car le premier responsable de la wilaya a dû répondre et intervenir à plusieurs reprises : «Il est tout à fait clair qu’il y a du manque, qu’il y a des efforts à fournir mais nier tout ce que l’État à fait pour cette wilaya n’est pas toléré et n’est pas acceptable. Le retard est dû certainement aux évènements qu’a connus la wilaya mais il est aussi dû aux oppositions qui constituent un frein au développement. Un simple exemple celui du projet du barrage de Tléta. Normalement, ce projet serait inauguré aujourd’hui, mais à cause des oppositions nous avons perdu du temps et de l’argent. Les gens veulent de l’eau mais ne veulent pas de barrages. L’État a fait beaucoup dans le domaine de l’AEP, de l’électricité et du gaz. Il n’y a pas quelques années, Tizi-Ouzou était à la traine en matière de gaz, en quelques années nous sommes passés à un taux de 75% et à l’achèvement du programme, nous atteindront un des meilleurs taux au niveau national». Au sujet du gel des projets structurants et de la restriction budgétaire qui touche la wilaya, le wali indiquera : «C’est vrai que le pays traverse une crise financière et notre wilaya à l’instar de toutes les wilayas est concernée par cette crise, c’est vrai que Tizi-Ouzou a vécu des événements dans un passé récent ce qui a quelque peu retardé son développement, mais nous défendons nous aussi l’idée de la prémunir contre les restrictions et le gel des projets pour qu’elle puisse rattraper son retard».
(Suivra dans notre édition de demain)
Compte rendu de Hocine Taib.

