Avant-hier, à huit heures du matin déjà, le thermomètre affichait 40° C et les vents commençaient à souffler. Vers dix-heures, un feu s'est déclaré du côté de la rivière qui longe le village d'Afir Ath Slimane.
Tout à coup, aidées par les vents, les flammes ravagèrent tout sur leur passage et atteignirent le village Afir. En dépit de la mobilisation des citoyens, rien ne pouvait arrêter les feux qui se propagèrent dans tous les maquis, pour arriver, en un laps de temps trop court, aux autres villages, à savoir Ath Rahmoune, Tarikht et tous les hameaux environnants. Sauve qui peut parce que les flammes, après avoir ravagé sur leur passage les oliveraies et les maquis, s’approchèrent des habitations. Selon les informations recueillies, pas moins d’une quinzaine de moutons ont été brûlés vifs sous les yeux des éleveurs qui ne purent rien faire pour les sauver. Certes, l’alerte a été donnée, mais les secours tardèrent à arriver parce que les lieux ravagés par les flammes n’ont pas tout d’abord de pistes anti-feux, puis la seule unité de la Protection civile se trouve à plus de vingt kilomètres. Tout de même, l’APC déploya ses deux camions-citernes. Cela était très insuffisant eu égard à l’ampleur des flammes qui continuèrent leurs courses vers Ath Ouacif puis Ath Attella. Là aussi, les dégâts étaient énormes. L’on dénombre pas moins d’une dizaine d’ovins brûlés ainsi que des personnes blessées dans leur course pour échapper à cette géhenne. Tous les camions étaient alors stationnés devant les habitations, pour minimiser les dégâts parce que, selon le maire, M. Said Bougheda, arrivé avec ses adjoints à l’école primaire d’Ath Attella, devenue en une journée un centre d’accueil, pas moins d’une cinquantaine de maisons étaient touchées par les flammes. Un cordon de sécurité est mis en place et les sapeurs-pompiers organisèrent la lutte contre les flammes en collaboration avec les volontaires. Ces pauvres villageois ont tout perdu. «Nous avons évacué toutes les familles menacées vers cette école. Même l’unité de soins de ce village et le bureau postal ont été soufflés par les flammes. N’était le camion-citerne de l’entreprise turque qui réalise la pénétrante vers l’autoroute Est-ouest, ces deux édifices seraient réduits en cendres. Nous avons regroupé tout le monde dans cette école», nous expliquera-t-il en nous confiant que tous les moyens ont été mis en branle. «Nous n’avons pas vraiment de gros moyens. Avec l’arrivée des pompiers, nous avons pu maîtriser la situation mais avec beaucoup de dégâts», regrettera-t-il. Vers dix-huit heures, nous avons appris qu’un septuagénaire brûlé alors qu’il voulait sauver son âne, a rendu l’âme à l’hôpital Krim Belkacem où il avait été évacué. Cette journée restera mémorable dans les esprits de cette population meurtrie, prise au piège par les femmes. Selon des sources locales, pas moins de deux cents hectares ont été ravagés par les flammes. Il ne reste dans ce versant presque aucun olivier. On n’y peut voir que des champs et maquis entièrement calcinés. C’est dire que la violence de cet incendie était énorme. «C’est une catastrophe», telle est la phase qui revenait sur le bout des lèvres de toutes les personnes que nous avons contactées. Il est à noter qu’il est temps de doter cette commune fortement boisée d’une colonne mobile de la Protection civile qui sera installée, par exemple, au niveau du CEM des Frères Oudni du chef-lieu, désaffecté depuis l’été dernier, afin que les interventions soient rapides. Cette municipalité est souvent la plus touchée de la wilaya. D’autre part, les pistes anti-feux urgent dans cette localité afin de permettre aux camions d’arriver sur les lieux de ces sinistres. Cela étant, l’été n’est qu’à ses débuts, il faudrait beaucoup de vigilance et de prudence. Tout le monde espère que cette commune soit déclarée sinistrée afin de bénéficier de l’aide de l’État et d’un plan Marshall de développement.
Amar Ouramdane

