Au lendemain de l’extinction des feux (les vrais), de la venue sur les lieux du sinistre de deux ministres de la République (l’Intérieur et l’Agriculture) qui ont annoncé des mesures d’indemnisation, l’APW de Tizi-Ouzou a convoqué une session extraordinaire pour débattre du drame…
Au-delà de l’initiative très louable, le timing reste sujet à discussion. En effet, il aurait été sans doute plus positif d’anticiper le sinistre que d’être appelé à discuter son bilan macabre. L’APW de Tizi-Ouzou s’est tout de même réuni hier (mieux vaut tard que jamais) en session extraordinaire pour discuter des incendies enregistrés ces derniers temps dans la région. Dans son rapport présenté, la commission de l’agriculture, de l’hydraulique, de l’artisanat, du tourisme et de la pêche a souligné, comme il était prévisible, l’«inefficacité des pouvoirs publics à faire face aux feux de forêts qui ont ravagé des milliers d’hectares de forêt et de maquis». «Le plan de lutte de la conservation des forêts contre les incendies consiste à l’ouverture de sentiers coupe-feux et de pistes agricoles et forestières, en sus du débroussaillage des lisières des prés et la mise en place d’un dispositif d’intervention rapide. Or, ces dispositifs sont très mal adaptés et dérisoires dans une wilaya comme Tizi-Ouzou, dont les zones boisées représentent 38% de sa surface», souligne le rapport de la commission en mettant en exergue, également, «les limites» des plans de prévention mis en place avant chaque saison estivale. Pour étayer leurs propos, les rédacteurs du document citent le plan ORSEC, qui, selon eux, était «obsolète» pendant cette période, car «n’ayant pas répondu à l’urgence du moment dans les localités les plus touchées, comme Tizi Rached, Maâtkas et Aït Yahia Moussa». «La lenteur dans l’intervention» de la Protection civile, dans la commune d’Aït Yahia Moussa, et «la défaillance dans la prise de décisions» de cette structure sont autant «de points négatifs» soulevés par la commission qui reconnaît, néanmoins, que le nombre des unités de la Protection civile de la wilaya de Tizi-Ouzou reste «très vulnérable face à ce genre de catastrophe». Elle recommande la dotation de la wilaya en moyens adéquats, tels que les canadairs, le dégel des projets de réalisation d’unités d’intervention, touchés par les restrictions budgétaires, et la révision du plan ORSEC dans sa coordination avec les services concernés. Par ailleurs, la direction de la Protection civile de la wilaya de Tizi-Ouzou a présenté un rapport très détaillé sur la situation des feux de forêts de ces dernières années. Concernant le bilan de la campagne des feux de forêts 2017, la Protection civile a enregistré, jusque-là 15 782 sorties de secours après la déclaration de 869 incendies, ayant parcouru des surfaces végétales, et 124 autres des surfaces forestières. Des départs de feu ayant engendré le décès d’une personne, brulée, et deux blessés. 2 285 ha de végétation, dont 50 824 arbres fruitiers, ont été détruits. A noter, néanmoins, que dix personnes asphyxiées ont pu être sauvées. Dans son aspect préventif, la direction de la Protection civile préconise le désherbage, le nettoyage des accotements, l’éradication des décharges illicites, la promulgation d’arrêtés interdisant les incinérations et la vulgarisation des actions de prévention, au profit de la population et des comités de villages, en collaboration avec les APC et les services de forêts. La direction de la protection civile, qui a tenu à rendre un vibrant hommage à l’élan de solidarité des citoyens et à l’engagement de l’armée sur les lieux des incendies, pour la protection des biens et des personnes, souligne que tous les moyens de l’État, à travers le territoire de la wilaya, étaient mobilisés, vu l’ampleur des départs de feux simultanés, à travers pratiquement l’ensemble des localités. De son côté, la conservation des forêts de la wilaya de Tizi-Ouzou recommande, dans son rapport sur les incendies de forêts 2017, la tenue de permanences, de jour comme de nuit, à tous les niveaux des comités opérationnels par un personnel qualifié, l’éradication des dépotoirs sauvages et l’établissement d’arrêtés interdisant toute incinération, entre autres. Elle met en garde, dans le même contexte, contre l’utilisation du feu dans les chantiers, les ateliers ou autres, se trouvant en forêt ou à proximité, et l’incinération des décharges publiques.
Farida Elharani