Le dernier maréchal-ferrant…

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M’Barek, c’est son nom. Il est l’un des rares maréchaux-ferrants à exercer encore cette activité qui risque de disparaître. Il ne rate jamais le marché d’Aïn El Hammam où «il tient boutique» chaque mardi, à l’écart des étals des fruits et légumes. Il est le seul à procéder au ferrage et au parage des équidés bien que ces derniers ne soient plus aussi nombreux qu’autrefois. Il s’installe toujours à l’écart, au même endroit. Son lieu de travail habituel, entre les camions et les baraques de marchands ambulants, lui permet de recevoir les paysans qui viennent ferrer leurs bêtes. Son «atelier» consiste en une bâche sur laquelle il pose ses outils. Une masse et une enclume lui permettent d’ajuster les fers aux pattes des baudets. Avant de fixer le fer au moyen de clous, il prend soin de nettoyer le sabot avec une râpe avant de découper la corne avec une pince à parer, une sorte de couteau adapté au travail. Une râpe lui permet également de nettoyer le dessous du pied. Les clients ne sont pas nombreux en cette période. Mardi dernier, il n’a ferré qu’un seul âne. «Il y en a de moins en moins», confie-t-il. Ce qui ne manque pas de se répercuter sur la profession. C’est surtout à l’approche de l’hiver et de la cueillette des olives que la clientèle afflue. Les paysans ont besoin de bêtes de somme, des ânes particulièrement, pour transporter leurs olives. Les fers à cheval sont préparés dans sa forge située à … Hichem&hellip,; son village, dans la commune d’Ait Khelili. M’Barek se fait vieux. A soixante cinq ans, il lui est de plus en plus difficile de continuer à pratiquer ce métier qui demande beaucoup d’efforts. «Je songe à arrêter. Mais des gens de ma connaissance, particulièrement des jeunes de mon village, me poussent à continuer encore pendant quelques temps. Mais, je suis fatigué», confie-t-il. «J’ai commencé ce métier à l’âge de quinze ans», dit-il, comme pour justifier son envie de prendre sa retraite. En le voyant à l’œuvre, l’on se rend compte de la difficulté du métier. Pour effectuer un ferrage, il commence par soulever la patte qu’il tient entre ses pieds et fléchit ses genoux. Il travaille ainsi, le dos courbé jusqu’à la fin de l’opération. Il fut un temps où chaque village avait son maréchal-ferrant. Les anciens se souviennent d’eux et rappellent leurs noms, un par un. Cependant leur activité à l’époque ne se limitait pas qu’au ferrage. Le matériel de la forge (enclume, foyer) permettait de fabriquer ou de réparer tout le matériel aratoire. Le fer à cheval en forme de «U» protège les pattes de l’usure et évite à l’animal de marcher à vif et de glisser sur les pistes menant aux champs. Parlant de la relève, il estime que «le métier n’intéresse pas les nouvelles générations. Il disparaîtra bientôt. Je n’arrive même pas à trouver d’apprenti. La forge et les ferrages des bêtes ne sont pas chose aisée, c’est sûr, mais on peut gagner sa vie convenablement si on aime ce travail». Pour diversifier son commerce, il profite de son déplacement vers Michelet pour exposer à la vente certains produits de sa fabrication : des haches, pioches et autres outils de jardinage.

A. O. T.

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