Les infrastructures d’accueil, la qualité des services offerts ou encore les sites proposés, ce triptyque de base, incontournable pour drainer le touriste vers la destination Algérie, semble ne pas être présentement dans la meilleure option.
Et pourtant ce ne sont pas les potentialités naturelles qui manquent. Mais l’Algérie est classée à la peu reluisante 118e place mondiale en attractivité touristique, avec quelque 1,7 million de touristes qui l’auraient visitée en 2016, selon le dernier rapport du Forum économique mondial publié en avril dernier. Depuis le milieu des années 80, alors que le secteur connaissait un boom à l’échelle planétaire, l’Algérie amorçait une descente dans l’incertitude. La crise économique et politique d’alors, provoquée par la dégringolade du prix du pétrole et le surendettement extérieur de l’État, ont fait du secteur touristique sa première victime. Les stratèges de l’époque pensaient que ce secteur ne pouvait aucunement se substituer à l’agriculture ni au si fragile secteur de l’industrie qui n’était pourtant fondé que sur une poignée de complexes livrés clé en main. L’arrivée de Bouteflika à la tête de l’Etat en 1999 a été le fer de lance d’une nouvelle ère pour l’Algérie qui recouvrait, peu à peu, sa place dans le concert des nations. L’Algérie devient alors fréquentable. Elle a vu des flux d’étrangers arrivant dans les aéroports. Mais c’était pour espérer avoir une part de la manne financière en fermentation soutenue grâce à l’envolée des prix du pétrole. Du tourisme d’affaires, en somme, qui a tout de même ravivé les caisses des grands hôtels algérois. Quid du tourisme d’aventure et de découverte ? A vrai dire, l’Etat algérien ne s’est pas trop forcé pour provoquer l’effet d’entraînement sur un secteur moribond ! La succession des ministres, pour la plupart issus des partis islamistes, à ce département du tourisme n’a pas permis d’asseoir une réelle politique touristique. La démagogie a pris le dessus sur une vraie stratégie, devant faire de la richesse naturelle et de la diversité des territoires et des cultures une destination de choix. L’Etat, par l’entremise des ministres du Tourisme et de l’Artisanat, a fait trop dans le folklore, occultant le besoin en infrastructures et les aspects devant assurer le bien-être des visiteurs. En dix ans, il y a eu plus d’inaugurations officielles, avec faste et fanfares, de festivals de produits artisanaux que d’infrastructures d’accueil et d’hébergement. Pire, les deux principaux instituts d’hôtellerie et de tourisme, de Tizi-Ouzou et de Boussaâda en l’occurrence, continuent de fonctionner au même régime d’il y a 40 ans. L’Algérien est par nature râleur et parfois ringard lorsqu’il s’agit d’assurer un service. Un état d’esprit aggravé par le manque de formation inhérente aux services de tourisme.
La succession de ministres islamistes à la tête du secteur, un facteur handicapant
L’encadrement n’est pas fameux non plus, puisque dans la majorité des sites d’hébergement et de restauration, le client est laissé à la merci du serveur. Ceci est conjugué à la qualité des plats servis, constitués en majorité de grillades et du fameux plat «steak pommes frittes», ou d’un restreint menu gastronomique quand le chef cuisinier le permet ! Les spécialités et saveurs algériennes, quand bien même riches et variées, ne sont proposées que dans de très rares restaurants. Les grands hôtels en font fi, préférant faire dans «l’européen». Pourtant, d’aucuns sont convaincus que l’Européen, qui voyage en dehors de son espace de vie, ne voudrait pas manger des spaghettis sauce bolognaise par exemple, ou un plat de crevettes royales en verrine ou en plat de chef. À ces tares entretenues depuis plus de 10 ans, s’ajoutent les négligences incompréhensibles des autorités locales et/ou centrales dans l’entretien des sites touristiques, qu’ils soient en montagne, plaine ou sur les rivages de la mer. D’ailleurs, cette dernière reste la destination privilégiée des nationaux en manque de moyens financiers pour partir ailleurs. Que des milliards de dinars dépensés pour ériger des tours d’hôtels ou pour améliorer les transports, autre élément vital pour le tourisme. Le bilan tombe en noircissure, comme en témoigne le classement mondial de l’Algérie, qui n’a engrangé, l’an dernier, que 307 millions de dollars, très loin derrière nos deux voisins marocain et tunisien.
Mohand-Arezki Temmar