Qu’est-ce qui décime les ruches ?

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Des dizaines de ruches peuplées déclinent chaque semaine dans la basse Vallée de la Soummam. Les fellahs qui élèvent des abeilles dans les régions de Sidi Aïch, Remila, Timezrit et El-Kseur, c’est-à-dire ceux qui ont installé leurs ruchers sur les rives de la Soummam, déplorent, depuis le printemps dernier, la perte de dizaines, voire de centaines de ruches. Si pour les apiculteurs amateurs, la disparition de leurs ruches est une perte éprouvante, pour les professionnelles de l’apiculture, autrement dit ceux pour qui la vente de miel et d’essaims d’abeilles constitue souvent l’unique rentrée d’argent, la mort de leurs travailleuses aillées est une véritable catastrophe. C’est comme si un travailleur était mis subitement au chômage sans indemnités. Un apiculteur installé dans la Vallée de la Soummam déclare, la mort dans l’âme, avoir perdu depuis le printemps dernier plus de 450 ruches peuplées. Pour lui, le mal viendrait des pesticides que les fellahs utilisent «à tort et à travers». Et il a peut-être raison, nous dira Hamachi Lounis, membre de l’association de wilaya des apiculteurs «L’Abeille de la Soummam». «Mais moi j’accuse plutôt l’eau polluée de l’oued Soummam où nos abeilles se ravitaillent pour élever leur couvain», ajoutera-t-il, en expliquant : «Un apiculteur de la même région qui a pris la précaution d’installer des abreuvoirs d’eau propre à proximité immédiate de son rucher a, lui, réussi à sauver ses abeilles». Il ajoute : «Même si pour l’instant, on ne peut encore rien affirmer avec certitude, puisqu’on ne sait pas si le mal vient de l’eau de la Soummam ou des insecticides ou peut-être des deux à la fois, tout ce que l’on sait c’est que le mal est profond. Rien que les derniers mois, nous avons perdu plus de 300 ruches. Nous sommes restés une semaine sans nous rendre aux ruchers et c’est la catastrophe. Pratiquement tous les ruchers à 10, 20 ou 30 colonies ou plus ont été décimés. Un apiculteur a perdu d’un coup plus de 150 ruches». L’association demande qu’une commission d’enquête déléguée par l’Etat soit dépêchée sur les lieux pour des prélèvements, afin de déterminer avec précision l’origine du mal. M. Hamachi souligne que l’association a effectué certains prélèvements et les a présentés à un laboratoire spécialisé à Draâ Ben Khedda. Le résultat de l’analyse accuse la maladie dite noire et le varois. Mais la sentence ne semble pas convaincre les apiculteurs. Puisqu’un des leurs, l’apiculteur et pépiniériste Hamid Azouaou, qui a installé ses ruches à Baccaro, près de Tichy, sur la côte-Est et dans la commune de Toudja à quelque 25 km à l’Ouest de Béjaïa, affirme que ses abeilles «se portent bien» et qu’il n’a enregistré «aucune perte à ce jour». Interrogé sur cette disparition mystérieuse des abeilles, le directeur des services agricoles de la wilaya de Béjaïa, quant à lui, déclare qu’après enquête entreprise par ses services le mal viendrait «de l’utilisation des produits chimiques par les fellahs». Mais avant de se prononcer de manière officielle sur l’origine du mal, il préfère faire appel aux scientifiques de l’université pour une enquête approfondie.

B Mouhoub.

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