Les musées et institutions culturelles américaines font face à une série de demandes de restitutions d’oeuvres archéologiques de plusieurs pays, dont la Grèce, l’Italie et le Pérou, ce qui met leur politique d’acquisition sur la sellette.Habituellement, les demandes de ce genre visaient les musées européeens qui avaient rempli leurs vitrines d’objets acquis durant l’époque coloniale.Ainsi, la pierre de Rosette en granit noir trouvée par des soldats français lors de la campagne de Napoléon en Egypte en 1799 ou les frises du Parthénon, font aujourd’hui partie de la collection du British Museum.La polémique sur le commerce privé d’objets archéologiques achetés dans des circonstances douteuses s’est portée maintenant sur les acquisitions des musées américains.L’ancienne responsable des antiquités du musée Getty de Los Angeles, Marion True, a été accusée par la justice italienne de faire du trafic d’objets sortis de son territoire grâce à un marchand d’art Robert Hecht, qui est également lié à une autre réclamation de l’Italie auprès du Metropolitan de New York.La Grèce a emboîté le pas à l’Italie pour rechercher ses antiquités volées, auprès des musées Getty de Los Angeles et Metropolitan de New-York.Un accord a pu être trouvé comportant la restitution d’objets dont un vase d’Euphrosios magnifiquement conservé datant de 515 avant J.C.L’Italie a accepté de céder de nouvelles pièces en faisant des prêts par périodes de 4 ans, la période maximum autorisée par la loi italienne.Résultat de la controverse, le président de la fondation Getty, Barry Munitz a donné sa démission, tandis qu’un débat agite les experts sur la politique d’acquisition d’objets par les musées américains.Pour sa part, Jane Waldbaum, présidente de l’Institut Archéologique américain (AIA), la plus ancienne et la plus importante institution dans ce domaine, estime incorrecte la politique d’acquisition des musées américains.Elle dénonce notamment le secret qui l’entoure, indiquant que de nombreuses transactions douteuses sont déguisées en donations. »La plupart des musées n’ont pas une vraie politique d’acquisition, transparente et ouverte au public », regrette-t-elle, indiquant que parfois les seules explications obtenues sont que « cela provient d’une vieille collection suisse ou japonaise ». »C’est une plaisanterie, quand nous entendons cela, nous fronçons les sourcils, c’est la vieille excuse habituelle », dit-elle.Elle estime que le pillage d’oeuvres d’art peut se produire, profitant du manque de protection du patrimoine de certains pays. « Jusqu’à récemment, l’Italie n’était pas un pays riche. Des pays comme le Pérou, le Guatemala ou Belize ont des lois, mais pas d’argent pour les faire respecter. Et il est très difficile de patrouiller tous les sites archéologiques surtout lorqu’on ne sait pas où ils se trouvent. Les pilleurs arrivent les premiers », dit-elle.La dernière demande concerne le Pérou. Le gouvernement de Lima exige les objets emportés par l’archéologue américain Hiram Bingham lors de sa « découverte » de Macchu Picchu, après plusieurs expéditions en 1911 et 1915. Ils sont actuellement la propriété de l’université de Yale.
