L’humanité vit à crédit. Elle est créancière parce qu’elle vit au-dessus de ses moyens depuis hier. C’était le «jour du dépassement de la Terre». Ce que l’humanité ignore, c’est qu’elle survit au-dessus de ses possibilités et elle continue à le faire malgré tout. Revenons pour voir comment on s’est retrouvés dans cette situation paradoxale et incompréhensible. Au départ, on ne croyait pas possible qu’on puisse un jour se réveiller dans la peau du créancier sans n’avoir engagé aucune dépense qu’on puisse nous inscrire dans une ardoise qu’on n’a pas engagée. Il n’est dans l’esprit de personne que l’on récupère des dettes sans les avoir contractées auparavant. Nonobstant les crédits pris au trésor, quel que soit le motif et les arguments qu’on puisse faire prévaloir, il reste une chose à laquelle on reste bouche bée et sans réponse. Il n’en demeure pas moins que la note peut être salée. Mais autant salée, amère, et impossible à évaluer, il ne peut s’agir que d’une idée fausse. Comment s’était-on levés hier avec une ardoise collée à notre testament de créance ? Il arrive certes qu’on dépense sans compter, mais delà à se retrouver, du jour au lendemain, avec un crédit imprévu, inattendu, improvisé par Monsieur Tartempion, là il y a maldonne. Les résultats de cette cabale pourraient rendre fou n’importe quel bipède. Sauf à sortir de la cuisse de Jupiter, pour espérer convaincre les magnats de la finance mondiale du bien fondé de la demande et appeler l’humanité à s’acquitter de ses dettes. Le «dépassement», s’il y a dépassement, ne vient pas de Homo erectus normalement constitué. Mais de celui qui vit sans compter dans l’opulence la plus abjecte. Cela veut dire que celui qui a contracté des crédits et qui mène une existence de nabab, on ne peut le comparer à un mineur qui, en plus des risques de grisou, se retrouve dès hier avec une facture collée au cou.
S. A. H.