L’insécurité dans les hôpitaux de la wilaya de Bouira est devenue un phénomène inquiétant, surtout ces dernières années, où le taux des agressions physiques contre le personnel médical et paramédical a atteint son paroxysme.
Il ne se passe pas une semaine sans qu’une structure médicale dénonce un cas d’agression. Jeudi dernier, vers 2h du matin, le service des urgences médico-chirurgicales de l’hôpital d’Aïn-Bessem était, encore une fois, le théâtre de violences et d’une agression perpétrée par six jeunes, qui accompagnaient un blessé par arme blanche. Selon les témoignages de l’équipe médicale de garde, cela s’est passé après que ce groupe de jeunes, dont certains étaient en état d’ivresse, ont transporté vers les urgences un jeune homme de 27 ans, blessé par une arme blanche à plusieurs niveaux de son corps. Ce dernier a été tout de suite pris en charge et transporté par l’équipe de garde vers le bloc opératoire, en raison de la gravité de ses blessures. C’est à ce moment-là que les six jeunes ont commencé à menacer et à insulter le médecin traitant, car il leur a demandé, tout simplement, d’attendre au niveau de la salle d’attente : «Après un examen rapide, le médecin de garde a préconisé une intervention chirurgicale sur le jeune blessé. Notre collègue médecin a demandé à ses accompagnateurs de libérer la salle d’intervention et d’attendre le blessé à la salle d’attente. C’est à ce moment précis qu’une altercation verbale a éclatée avec les six jeunes. Notre collègue médecin a été insulté et malmené. Il a été même menacé par une arme blanche, au même titre que les infirmiers du service qui ont été obligés de se réfugier à l’intérieur du bloc opératoire en bloquant la porte», relate un infirmier témoin de la scène. Notre interlocuteur affirme aussi que les six agresseurs ont cassé du matériel médical et des vitres à l’intérieur des urgences : «Ils ont tout saccagé sur leur passage. Même les patients sous observation ont été menacés par ces délinquants. L’unique agent de sécurité qui était de garde ce soir-là ne pouvait rien faire à part appeler la police». Les éléments de la Police sont intervenus quelques minutes après l’appel du personnel de l’hôpital. Toujours selon les témoignages du personnel médical, un seul des six délinquants a été interpelé, alors que les cinq autres ont pris la fuite : «Malheureusement, ils n’ont pas été arrêtés et un seul délinquant a été appréhendé par les policiers. Le fauteur de trouble était, d’ailleurs, en état d’ivresse et portait sur lui une arme blanche. Les caméras de surveillance ont enregistré cette scène d’horreur et ils seront identifiés», ajoute notre interlocuteur.
Débrayage le lendemain
Suite à cette scène de violence et en guise de solidarité avec leur collègue agressé la veille, le personnel médical et paramédical exerçant aux urgences a observé, durant la journée du jeudi dernier, un arrêt de travail de 4 heures (de 8h à 12h), pour protester contre la recrudescence des actes d’agression au sein de ce service et pour réclamer à la direction de l’hôpital le renforcement des moyens de sécurité et la poursuite en justice des auteurs de l’agression de la veille. Selon M. Amine Mezrag, président de la section syndicale UGTA, le service des urgences a été paralysé par cette grève et seul le service minimum a été assuré durant la matinée : «Les médecins et les paramédicaux ont observé cet arrêt de travail pas pour pénaliser les citoyens, d’ailleurs le service minimum a été assuré, mais pour réclamer la sécurisation de ce service important», déclare le syndicaliste, selon lequel les conditions de travail au sein de ce service sont très difficiles : «Les actes d’agressions sont devenus monnaie courante. L’administration n’a toujours pas renforcé le nombre d’agents de sécurité, malgré nos nombreuses réclamations», ajoutera-t-il. Vers 10h, une réunion élargie a regroupé les grévistes avec le directeur de l’hôpital. Le même responsable s’est engagé à saisir les services de sécurité locaux pour l’installation d’un poste de police à proximité de l’hôpital. Selon M. Mezrag, les grévistes ont repris le travail à midi, en attendant la concrétisation de la promesse du directeur, faute de quoi, une nouvelle grève sera observée cette semaine.
Oussama K.

