Plus jamais ça !

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Une femme de 76 ans a rendu l’âme, avant-hier jeudi, au cours de son évacuation vers l’hôpital de Tizi-Ouzou. La voiture dans laquelle elle a été transférée a été bloquée dans les bouchons suite à la fermeture de la route par des protestataires de deux quartiers de Tadmaït.

Réclamant leur relogement, ceux-ci ont barricadé, en plus de la RN12, toutes les routes et chemins reliant Tizi-Ouzou à Alger. Ce nouveau drame causé par la fermeture des routes témoigne du degré de l’insouciance, voire de l’inconscience, des uns et des autres. Ce genre d’actions, érigées comme mode de pression par des populations locales sur les autorités, pour faire entendre leurs préoccupations, est le résultat de la fermeture des canaux de communication et de dialogue entre les autorités locales et les citoyens.

Néanmoins, ces actions demeurent, à tous points de vue, aux conséquences néfastes sur la communauté : irritation des usagers, retards de livraison, accentuation du degré de gravité de l’état des malades en cours de transfert vers les hôpitaux, etc. En somme, fermer la route pour réclamer un droit, aussi vital soit-il, mène inéluctablement à la soustraction des droits des autres. De l’égoïsme ambiant qui dépeint sur la vie sociale, professionnelle et, d’un aspect plus large, la vie économique et politique de toute une région. L’origine de ce drame n’est qu’un autre drame, dans lequel se débattent plusieurs familles depuis près de 10 ans, vivant dans des conditions «inhumaines», selon les protestataires.

Ces derniers affirment, en effet, qu’ils «vivent dans des conditions lamentables dans un bidonville abritant plus d’une centaine de familles», en attente, depuis 2008, d’être relogées dans les 120 logements RHP (résorption de l’habitat précaire) et les 20 autres lancés par l’OPGI. Faut-il nécessairement mettre 10 ans et plus pour livrer des logements à des sinistrés ? Faut-il aussi aux citoyens d’attenter à la vie de leurs semblables, pour réclamer vivre mieux ?

Cette problématique aux résultats opposés devrait trouver sa solution dans l’urgence. Car, au rythme où vont les choses, ça laisse penser qu’il y a vraie volonté de laisser les choses pourrir à tous les niveaux. Le drame de jeudi passé, qui a également failli faire une deuxième victime, une parturiente qui, fort heureusement, se trouvait à bord d’une ambulance médicalisée où elle a accouché, rappelle un autre, survenu durant l’été 2011.

Un drame qui s’est produit sur la même RN12, du côté de Boukhlafa, à l’entrée Ouest de la ville de Tizi-Ouzou, où un vieil homme a succombé à sa maladie dans la voiture de son fils qui l’emmenait à l’hôpital. Celui-ci n’avait pu franchir les barricades des transporteurs en colère contre le nouveau plan de circulation. Barricader les routes est devenue une action facile à mener, notamment depuis la restriction imposée à l’usage de la force pour le maintien de l’ordre par «crainte de débordements».

La force de l’État, qui s’est fragilisée face à l’anarchie sociale, ne semble pas près de se revigorer, tant les secteurs en charge d’assurer le climat et les conditions du bien-être social et économique des populations demeurent maladifs. Cela dit, aucune situation et aucun alibi ne peuvent justifier la mort d’un malade sur une route barricadée par des citoyens.

Mohand-Arezki Temmar

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