Les fondements d’un nouvel événement en hommage au quatuor enfanté par Béni-Douala, Rachid Alliche, Mouloud Feraoun, Imache Amar et Matoub Lounès en l’occurrence, viennent d’être posés, hier, par leurs proches, pour «perpétuer leur travaux et combats», menés par chacun d’entre eux à sa façon. «Ce sont des personnalités qui ont tant donné pour l’Algérie, mais délaissées et oubliées par l’histoire officielle», a expliqué Malika Matoub, l’une des initiatrice de cet évènement, lors d’un point de presse tenu à Tizi-Ouzou. Et de souligner : «Nous avons pensé à lancer la première édition avec l’intitulé ‘’La rencontre avec fraternité’’ (Timlilit s tegmats ndlr), afin de fédérer toutes les initiatives qui s’inscrivent dans un seul but, celui de mettre en valeur ce brassage d’idées portées par chacune des personnalités enfantées par la Kabylie». Vivier de contestation et vivier de cultures, la localité de Béni-Douala devra rassembler, via cet événement, bien parti pour être érigé en festival, dès la troisième édition, des personnalités de divers horizons «quelles que soient leurs différences», selon Malika Matoub. Ali Feraoun, frère de l’auteur du roman «Le fils du pauvre», estime, pour sa part, que «cet évènement a une grande importance, puisqu’il permettra aux jeunes générations de connaître des personnalités qui ont marqué, par leurs œuvres, leur passage dans l’histoire du pays et leurs empreintes dans le mouvement national». Évoquant Matoub Lounès, Ali Feraoun a insisté à qualifier le fils de Taourirt Moussa de ‘‘combattant-né’’ :«C’est un homme qui a consacré toute sa vie pour la lutte. Il est né pour lutter et éveiller les consciences sur les dangers du reniement, de l’oppression et de la privation des libertés. Lounès est mort trop jeune sans pouvoir achever son combat», d’où la nécessité, estime encore Ali Feraoun, de perpétuer sa mémoire, au même titre que les autres personnalités de la région, qui se sont données pour le recouvrement des libertés et l’émancipation des Algériens. «Il faut qu’on ose le dire officiellement et l’apprendre à nos enfants dans les écoles : Imache Amar est le fondateur du Mouvement national», a encore tonné le frère de Mouloud Feraoun, en évoquant ce militant nationaliste, membre fondateur de l’Etoile Nord-Africaine (ENA) en 1926. «On ne peut parler d’Imache Amar sans parler de l’Etoile Nord-Africaine, fondée en 1926 par un groupe d’ouvriers kabyles en France», a rappelé le cousin de ce nationaliste. Imache Amar est, pour rappel, né le 7 juillet 1895 et mort dans la nuit du 6 au 7 février 1960 dans son domicile d’Aït-Mesbah des suites d’une maladie. La biographie et le parcours de Rachid Alliche sont présentés par Slimane Alem, maire d’Aït-Mahmoud, dont l’APC est partie prenante de cet événement qui vise à ressusciter les quatre personnalités de sa région. «Convaincu par ses origines kabyles, Rachid Alliche n’a pas lésiné sur les moyens au cours de sa vie pour offrir à cette langue et culture (berbères) le meilleur de lui-même (…) Il a su donner un nouveau souffle à cette culture menacée d’extinction, ses fils étant en proie à une acculturation certaine menée par une idéologie arabo-baathiste des plus menaçantes», rappelle M. Alem. Ce dernier a, en outre, fait état de ce que sa municipalité met à disposition en moyens et infrastructures pour «réussir cet événement et le perpétuer». Par ailleurs, Malika Matoub regrette le fait «que l’on a pris du retard pour ressusciter ces personnages et inculquer aux jeunes générations les sèves qui ont alimenté le combat de chacun d’entre ces quatre hommes.» «Nous comptons donner à l’évènement une dimension qui dépassera la seule région de Béni-Douala, mais nous allons le faire par étapes, loin de l’intéressement des officiels», a-t-elle indiqué. Pour la sœur du Rebelle, «les quatre personnalités que sont Alliche, Imache, Feraoun et Matoub sont les oubliés de l’histoire officielle». Et par cet évènement, explique-t-elle, «nous marquerons une revanche sur ce déni sciemment entretenu». L’évènement en question est, au fait, une dizaine culturelle et sportive que la Fondation Matoub Lounès et l’Union sportive de Béni-Douala, en partenariat avec l’association Mouloud Feraoun et l’APC d’Aït-Mahmoud, organisent du 10 au 20 août, en mémoire des quatre personnalités. Les activités auront pour lieu la maison de Matoub, siège de la Fondation, les stades de Taourirt Moussa et de Béni-Douala, le centre culturel de cette localité, ainsi que le stade du 1er Novembre de Tizi-Ouzou pour la clôture.
Mohand-Arezki Temmar