Plusieurs activités ont été lancées par la direction de la culture de la wilaya de Tizi-Ouzou pour la saison estivale. Dans cet entretien, Mme Gouméziane, première responsable du secteur, revient sur la situation culturelle dans la wilaya et fait le point sur les différents projets.
La Dépêche de Kabylie : Comment se porte la culture dans la wilaya de Tizi-Ouzou ?
Nabila Goumeziane : La culture se vit et se ressent au sein de la société. Je dirai qu’à Tizi-Ouzou, il y a un socle qui fait partie de notre culture, il est favorisé par l’organisation ancestrale de notre culture au niveau des villages. Les comités de villages et de quartiers, ainsi que le mouvement associatif, permettent de consolider le foisonnement culturel. Nos aïeux nous ont légué cette organisation extraordinaire, tout le mérite leur revient. à Tizi-Ouzou, on respire la culture. La population est très éveillée et demande à en avoir l’accessibilité et favorise sa transmission. Le nombre important des fêtes populaires en est une preuve irréfutable, ça dénote cet esprit de transmission et cette volonté de promouvoir la culture locale et algérienne en général. De toute façon, en matière de culture, on ne parle pas d’aboutissement. Quoiqu’on fasse, ça demeure peu, la culture se discute à l’infini.
Peut-on avoir une synthèse des réalisations dans votre secteur durant cette année ?
Le bilan, à vrai dire, on le fera au mois de décembre, néanmoins, aujourd’hui, je peux dire que l’agenda culturel a essayé de répondre aux différentes attentes. Il y a encore des activités à venir durant le semestre en cours. Le plus important pour nous est de toucher à l’ensemble des segments, livre, patrimoine, promotion artistique à tous les niveaux, encadrement des artistes. Dans ce registre par exemple, on a délivré plus de 450 cartes, sur un ensemble de 550 dossiers reçus. à noter que le nombre d’artistes dans la wilaya, tous segments confondus, est de 800. Pour celles qui ne sont pas libérées, c’est généralement à cause de quelques formalités, mais c’est en bonne voie. La première compagne, nous l’avions commencée l’année dernière. Pour l’occasion, je fais appel et j’informe nos artistes que le dossier est disponible sur notre site, sur notre page facebook, et au niveau de la direction. Dans le volet promotion de livre et lecture publique, plusieurs actions ont été réalisées, en faveur des enfants et des adultes. Des rencontres littéraires ont été organisées, notamment au niveau de la bibliothèque principale de lecture publique, on a voulu créer un forum de lecture qui va participer aux différentes rencontres, qui sont axées sur des ouvrages. Des rencontres qui se font mensuellement. Au-delà de ces rencontres, nous faisons des dons d’ouvrages ouverts à toutes les associations, (qui sont au nombre de 500 dans la wilaya) et bibliothèques au sein de la wilaya au profit de différents établissements qui s’intéressent à la lecture. On est à la 4ème campagne cette année, je communiquerai le bilan à la fin. En matière de bibliothèque, on a 63 bibliothèques communales, dont 45 équipées par la direction, et 6 autres en cours. On arrive pratiquement à la couverture optimale de cette opération. Dans le cadre de PSD, on a réalisé six salles de lectures, achevées durant cette année, 3 bibliothèques au niveau de Tigzirt, Illilten, achevées complètement et Béni Douala, en parachèvement. Il y a aussi sept grandes bibliothèques de lecture publiques et celle adjacente au siège de la culture qui est aussi opérationnelle. Comme cette question des bibliothèques est une préoccupation majeure du secteur, on a organisé des rencontres avec les P/APC et les chefs de daïras que j’ai moi-même présidées. On a introduit un premier cycle de formations et des stages de formations pour le personnel, pour évaluer les compétences et orienter ces cadres. D’autres cycles s’en suivront. Par apport aux adhésions, je suis satisfaite. A titre d’exemple, au niveau de la bibliothèque principale ouverte pratiquement depuis une année, on a enregistré plus de 2000 adhérents. Récemment, grâce au don de l’Onda, on a équipé cet établissement d’une imprimante braille, et d’instruments de musique. Pour le patrimoine, on a les dossiers de deux sites archéologiques à Ifri Nedlal et Azro Imyazen, qui a eu un avis favorable et transmis à la maison de la culture. D’autres sont en cours de préparation, tel que l’hôpital de Michelet sur la demande. On a aussi dans la wilaya des découvertes, on fait des prospections, des évaluations et des diagnostics. Si ce sont des œuvres qui méritent protection particulière on va travailler dans ce sens. C’est aussi une manière de faire un inventaire pour le prochain musée de la wilaya. En matière de promotion et documentation, il y a aussi un travail. Il y a un catalogue qui a été fait sur le patrimoine culturel de la wilaya. On fait des mises à jour. On a réalisé des dépliants qui permettent de connaître les sites de la wilaya et c’est aussi dans le cadre de la promotion touristique, car la culture et le tourisme sont intimement liés. Au cours de cette année, la fouille archéologique a été relancée au niveau de la wilaya ; un chantier de fouille a été exploité à Tigzirt avec le Pr Fellah. J’insiste là sur la nécessité de ce travail, qui rentre dans l’optique d’alimenter le futur musée par de potentielles découvertes.
Où en sont les projets inscrits au secteur ?
Par rapport aux projets d’investissement, il y a eu quand même une évolution assez correcte, même si certains ont été touchés par cette mesure de gel. Le plus attendu par la population est la grande salle de spectacle. L’étude est pratiquement achevée, mais en matière de réalisation on doit attendre. Pour les projets en cours, en matière de bibliothèques et salles de lectures, les projets ont été pratiquement tous livrés. On a eu beaucoup d’inaugurations, celle de Tigzirt, Illilten, celle à coté de notre siège, la salle de cinéma de Aïn El-Hammam… Pour ceux en cours de réalisation, on a le théâtre en plein air, c’est un projet colossal, il comprend des gradins de 1000 places, mais aussi plusieurs espaces annexes, des galeries d’arts, des loges, etc. Il va consolider l’image d’un pôle culturel. Le projet est en phase de finition. Le musée quant à lui en est à 75% de réalisation. Il reste des lots techniques très lourds, qui méritent une attention très particulière. La salle de cinéma de 500 places va certainement apporter un plus. Elle sera dotée de nouvelles technologies, elle abritera différentes activités.
Le théâtre et le cinéma se présentent comme des activités culturelles qui n’arrivent pas à décoller à Tizi Ouzou. à votre avis pourquoi ?
Je trouve que c’est un volet qui avance plutôt bien. Par le biais du théâtre régional Kateb Yacine, il y a de belles pièces qui sont montées. Je citerai Ahitous et Massinissa qui a été primée d’ailleurs. Elles transmettent l’histoire et la culture algérienne en général. Il y a également beaucoup de pièces pour enfants. Il y a tout de même une affluence assez importante et une attention particulière des villages. Car nous produisons aussi à ce niveau, en collaboration avec le mouvement associatif et les comités de villages beaucoup de pièces. Nous faisons aussi dans la promotion du théâtre de rue, dans les espaces publics. La demande est très importante. Ce segment mérite une attention particulière. à cet effet, nous avons introduit des stages de formation dispensées pour parer à tous ces manquements et encadrer les jeunes et les accompagner. S’agissant par contre de l’affluence du public, elle est extraordinaire pour les pièces pour enfants, pour les pièces adultes, il y a de l’affluence mais on souhaiterait plus bien sûr. Notre plan de communication est assez efficace. Maintenant, on est ouverts à toutes les propositions, pour promouvoir davantage les actions et activités qui sont menées. Nous sommes à la page par rapport aux nouvelles technologies. On a des cellules d’écoutes qui sont mises à la disposition de la population, une page facebook, des sites. Comme je l’ai déjà expliqué, on a beaucoup à faire encore. Pour le cinéma, on a un plan adopté par le ministère, la réalisation de nouvelles salles et la réhabilitation des anciennes. On a créé un ciné club au niveau de la cinémathèque, qui a permis d’avoir des adhérents et des débats très fructueux chaque mois. Pour retrouver le public cinéphile de la wilaya, il y a un grand travail à faire.
Vous avez lancé un programme spécial été. Peut-on en savoir plus ?
Pour l’été, on a lancé une caravane à l’échelle nationale. Elle permet la mobilité des artistes. On a bénéficié ici à Tizi-Ouzou de deux caravanes en juillet et en août. Elles sillonnent à chaque fois trois daïras en fonction des activités qui s’y déroulent, notamment les fêtes qui se déroulent dans les villages. Ça rentre dans le cadre de la décentralisation de l’activité culturelle. On a aussi au niveau du chef-lieu de la wilaya et d’Azeffoun et Tigzirt, étant des stations balnéaires où il y a une affluence très importante, un programme qui s’étale du 3 au 26 août. Rien qu’au gala d’Ali Amrane au port, on a eu 5 000 présents. D’autres spectacles artistiques, pour adultes et enfants, le bibliobus et le ciné bus seront aussi au rendez-vous. L’objectif est de montrer le visage réel de la wilaya aux estivants.
Vos perspectives pour la rentrée sociale ?
Avec plusieurs activités, on va accompagner la rentrée, pour marquer la transition entre les vacances et la rentrée justement. La première sera la 2e édition du Salon de l’enfant. Un Salon pour la bande dessinée est prévu aussi pour septembre. Les festivals seront tous maintenus aussi, ainsi que plusieurs autres activités.
Entretien réalisé par Kamela Haddoum.