Revoilà Ahmed Ouyahia !

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Ahmed Ouyahia a été nommé nouveau Premier ministre, hier, en remplacement d’Abdelmadjid Tebboune.

Ce dernier devait reprendre sa mission, hier, au lendemain de son retour d’un congé qui a été peu ordinaire pour avoir fait les choux gras de la presse, sauf que Tebboune, le désormais ex-Premier ministre, a dû déchanter et se résigner à la sentence du Président. En effet, moins de trois mois après sa nomination, Abdelmadjid Tebboune a été prié hier de laisser place et passer le témoin à Ahmed Ouyahia, son successeur. L’information a été diffusée, hier, par l’agence officielle qui reprenait, en début d’après-midi, un communiqué de la présidence de la République. «Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a mis fin mardi (ndlr hier) aux fonctions du Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, et a nommé Ahmed Ouyahia à ce poste, indique un communiqué de la Présidence de la République (…) En application de l’article 91, alinéa 5 de la Constitution, son Excellence M. Abdelaziz Bouteflika, président de la République, a mis fin, ce jour, aux fonctions de Premier ministre, exercées par M. Abdelmadjid Tebboune», rapporte la dépêche de l’APS. Et de préciser : «En application des mêmes dispositions constitutionnelles, et après consultation de la majorité parlementaire, le président de la République a nommé M. Ahmed Ouayhia, Premier ministre». Pour les observateurs avertis, même si le retour d’Ouyahia n’était pas des plus envisagés, le départ de Tebboune était bien dans l’air. Surtout après la levée de boucliers qui a suivi sa récente rencontre, dite informelle, en plein congé lors d’une «escapade parisienne» avec son homologue français Édouard Philippe. La suite n’a pas été des plus réconfortantes pour lui non plus, avec le sévère recadrage dont il a fait l’objet par le président de la République. Réagissant juste après ce changement chez nos confrères de TSA, Tebboune se contentera toutefois d’une expéditive déclaration : «Ma fidélité au Président reste entière», a-t-il confié. De son côté, Seddik Chihab, porte-parole du RND, a salué la nomination d’Ouyahia, secrétaire général du parti, sans ménager le Premier ministre sortant : «Ce changement est salutaire dès lors que la démarche de son prédécesseur a atteint très vite ses limites». «Pour ce qui est du poste, il le connaît très bien pour l’avoir occupé à plusieurs reprises. Il connait les difficultés auxquelles il doit faire face. Il connaît très bien la situation du pays. Il est imprégné des enjeux à la fois économiques et sociaux. Il est également imprégné des enjeux régionaux et internationaux. Donc, c’est par devoir qu’il a répondu à l’appel». Le parti d’Amar Ghoul (TAJ) estimera également qu’Ahmed Ouyahia est l’homme de la situation et dit ouvertement sa disponibilité à l’accompagner dans sa mission : «Notre parti félicite M. Ouyahia pour cette nomination et cet honneur accordé par le Président. Ahmed Ouyahia fait partie des cadres compétents de la République. Il est capable d’assumer les responsabilités. (…) C’est donc la personne idéale pour cette fonction surtout par rapport aux défis auxquels fait face le pays. TAJ exprime sa disponibilité à continuer à travailler ensemble au sein du gouvernement, pour exécuter le programme du Président». Au sein des partis de l’opposition comme le FFS, la réaction a été plutôt d’un autre ton, estimant notamment que «c’est la première fois qu’on assiste à cette situation. Un Premier ministre dégommé moins de trois mois après sa nomination (…)». Du côté du FLN, qui perd ainsi le poste de Premier ministre au profit du frère ennemi, le RND, on ne semble pas accorder trop d’importance à ce retournement de situation : «Le président de la République Abdelaziz Bouteflika est le président du parti. Nous sommes d’accord avec toutes les décisions qu’il a eu à prendre et qu’il prendra dans l’avenir. Nous n’avons aucune objection. Ahmed Ouyahia n’est pas un rival. C’est le secrétaire général du RND. Ce parti est notre partenaire dans l’exécution du programme du président de la République. Nous allons continuer à accompagner le gouvernement à travers l’APN et le Conseil de la nation (…)», confie Sadek Bouguehtaya, chargé de communication du FLN, à nos confrères de TSA. Enfin, Ali Haddad, le patron du FCE, n’a pas manqué non plus de réagir à ce changement, lui qui, au yeux de l’opinion, sort ainsi vainqueur du bras de fer qui l’opposait au désormais ex-Premier ministre : «Après la nomination par son excellence le Président Abdelaziz Bouteflika d’Ahmed Ouyahia au poste de Premier ministre, Ali Haddad lui présente, en son nom et au nom du FCE, ses chaleureuses félicitations», note un communiqué du FCE diffusé, hier, en milieu d’après’midi. L’organisation patronale réitérera par ailleurs sa disponibilité à «travailler avec Ahmed Ouyahia et l’ensemble des institutions de la République, dans le cadre du dialogue et de la concertation, pour construire une économie forte et compétitive».

Kamela Haddoum.

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