Le parcours des frères militants Zamoum revisité

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La maison de la culture Ali Zamoum de Bouira a abrité, hier, une rencontre consacrée à la vie et au parcours des frères Zamoum (Ali, colonel Si Saleh et Ferhat). La rencontre en question a été initiée par la maison de la culture et l’association Tagmat, d’Ighil Imoulla, fondée par le défunt Ali Zamoum. Étaient présents à ce rendez-vous Na Ouiza, la veuve du défunt Ali Zamoum, Rabah, le fils du colonel Si Saleh, des membres de la famille Zamoum, Lakhdar Bouregaâ, un des compagnons de lutte de Si Salah, et des amis d’Ali Zamoum. Rabah Zamoum, le premier à s’exprimer, est revenu sur le parcours des trois frères, avant et pendant la révolution. Dans son intervention, l’auteur de «Si Salah, mystère et vérités» a décrit Ighil Imoulla, où a vécu la famille Zamoum, comme un fief des militants du mouvement national : «De tout temps, il y avait au village des militants engagés dans le mouvement national. C’est dans ce bain qu’ont évolué les frères Zamoum qui ont, à leur tour, épousé la cause nationale», a noté le conférencier. Selon ce dernier, «l’aîné des trois frères, Mohamed, était membre de l’OS à l’époque et recevait des maquisards chez lui, et Ali était toujours présent à ses rencontres». Évoquant le parcours d’Ali, le conférencier reviendra sur la fameuse déclaration du 1er Novembre, dont l’impression a été confiée par Krim Belkacem à Ali Zamoum. «Au village d’Ighil Imoulla, alors qu’Ali Zamoum s’affairait à imprimer la déclaration du 1er novembre, des villageois créaient diversion, pour ne pas attirer l’attention de l’armée française», a relaté Rabah, le neveu d’Ali Zamoum. Il a parlé de l’arrestation de ce dernier en février 55 et de son emprisonnement à la prison de Tizi-Ouzou. «Alors qu’Ali se trouvait à la prison de Tizi-Ouzou, Ferhat, son petit frère, venu lui rendre visite, lui a fait part de sa décision de regagner le maquis», a expliqué Rabah Zamoum. Le jeune Ferhat a effectivement regagné le maquis où il s’occupait des tâches de rédaction au PC de la wilaya 3. C’est là que Ferhat Zamoum rencontre le colonel Amirouche à qui il demande la permission de participer à des opérations armées. Amirouche était réticent et décidera, un peu plus tard, d’envoyer le jeune poursuivre des études en Tunisie, où il restera jusqu’à 62. Après l’indépendance, Ali est sorti de prison et Ferhat a regagné le pays, alors que le colonel Si Salah, leur frère aîné, tombera au champ d’honneur en juillet 61 à M’Chedallah, dans la wilaya de Bouira. Pour sa part, Lakhdar Bouregaâ, ex-commandant de l’ALN, reviendra sur beaucoup d’événements ayant marqué la révolution et aussi sur les rapports qu’il entretenait avec le colonel Si Salah. Il a évoqué la fameuse «affaire Si Salah», dite aussi de «l’Elysée», au cours de laquelle ce dernier a rencontré De Gaule en juillet 1960. Qualifiant ce sujet de «très délicat», Lakhdar Bouregaâ dira que beaucoup ont assimilé cette initiative à de la trahison, mais il en est rien, selon lui. «Si Salah et ses accompagnateurs ont expliqué à De Gaule que dialoguer avec une wilaya ne mènerait à rien. Selon lui, il fallait plutôt dialoguer avec les cinq fameux dirigeants de la révolution», a expliqué Bouregaâ. Ce dernier a, également, souligné les tentatives de Si Salah de relancer le projet initié par les colonels, tombé à l’eau après la mort d’Amirouche. Selon Bouregaâ, à travers cette idée, Si Salah voulait plus de coordination entre les wilayas historiques et trouver des solutions, pour aider les wilayas en proie aux problèmes. Bouregaâ a avoué que le manque de coordination a porté beaucoup de préjudices à la lutte armée. Après l’intervention de Bouregaâ, des amis d’Ali Zamoum se sont succédé à la tribune, pour apporter des témoignages sur l’homme. Akli Ali Moh, qui a eu à le côtoyer au sein de l’association Tagmat, a décrit Ali Zamoum comme un «Algérien complet». Un homme dont il dira qu’il était humaniste et engagé pour la cause des pauvres. «Il était fidèle à ses idéaux, rigoureux dans son travail et surtout très ponctuel. Il avait aussi une exigence éthique et il était imperméable à toute compromission et corruption», a témoigné Ali Moh. D’autres amis de l’auteur de «Tamurt Imazighen» se succéderont à la tribune, pour apporter des témoignages sur la vie, le parcours et les qualités de l’homme.

Djamel Moulla

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