Les habitants d’Amtik N’Tafat, tous âges confondus, accordent un intérêt de plus en plus grandissant à l’apiculture. Si beaucoup s’y sont mis pour arrondir les fins de mois difficiles, d’autres se sont lancées dans cette filière par pure passion pour les mouches à miel. Il faut dire, aussi, que cette envie d’élever des abeilles a été grandement boostée par les autorités locales qui attribuent, chaque année, (en août ou en septembre) aux habitants intéressés des villages de la commune une ou deux ruches pleines ou deux ou trois essaims nus. Cette dotation gratuite a pour objectif, selon les responsables de l’opération, de contribuer à la fixation des populations dans les villages ou de les y faire revenir, d’une part, et d’autre part, d’assurer une bonne pollinisation des arbres fruitiers et des différentes cultures par le biais des abeilles, agents de pollinisation par excellence. Mais, faute de soins adéquats de la part des éleveurs, la plupart des ruches installées périssent avant l’arrivée du printemps. Et c’est pour pallier à cette carence en matière de connaissances apicoles que le CFPA d’Amtik N’Tafat a décidé de lancer des sessions de formations en apiculture (cours de soir). C’est dire tout l’engouement des citoyens pour l’apiculture. La formation qui dure trois semaines, à raison de 4 heures par semaine, est sanctionnée par un certificat de qualification. Les stagiaires sont, pour la plupart, des fonctionnaires, des cadres en retraite, des chômeurs et des fellahs. C’est vrai que depuis les temps les plus reculés, l’abeille a toujours fasciné l’Homme, lit-on dans les livres d’apiculture. Elle figure dans les sarcophages des pharaons et elle est gravée sur les premières pièces de monnaies de certains contrées, pour mettre fin à la pratique du troc. C’est dire toute l’importance accordée par les premiers hommes à cet insecte, dont ils tiraient le miel, cette matière sucrée, nutritive et thérapeutique ainsi que la cire, substance dont ils fabriquaient les lumignons pour s’éclairer la nuit.Seulement, dans les temps anciens, les hommes ne pratiquaient pas l’apiculture à proprement parler. Ils se contentaient de piller ces richesses dans des nids d’abeilles qu’ils trouvaient dans des troncs d’arbres et dans des anfractuosités de rochers. Ce n’est que bien plus tard que leur est venue l’idée de recueillir les essaims dans des ruches de fortune et de les installer près de leurs maisons. Si à l’époque les ruches étaient faites surtout de troncs d’arbres évidés ou d’autres matériaux caractérisés par leur lourdeur et leur fragilité, les apiculteurs du pourtour de la Méditerranée et notamment ceux de la région de Béjaïa, où vit l’abeille noire de la lignée de l’apis mélliféra réputée, selon les spécialistes en la matière, pour son caractère agressif, mais aussi pour son ardeur au travail, ont la chance d’avoir à portée de la main des ruches en liège, enlevées des troncs de chênes-lièges, qui poussent abondamment dans la région. Alliées à une flore très riches, ces ruches posées par milliers sur les piémonts de Mezaïa, du Sahel ou des bassins versants de la Soummam ont, sans doute, contribué au rayonnement de Béjaïa médiévale qui était le pôle de production de cierges. Ces cierges qui portent le nom de Bougie, ville où ils étaient fabriqués, étaient exportés en Europe. Et puisque ces quantités considérables de bougies sont fabriquées à partir de la cire d’abeilles, c’est souligner toute l’importance de l’activité apicole de la région.
B Mouhoub.