Quinze ans de réclusion pour le tueur de son père

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Le tribunal criminel près la cour de Tizi Ouzou a condamné, hier, à quinze ans de réclusion criminelle le dénommé Fodil L., âgé de 29 ans, auteur d’un parricide.L’audience a été tenue en présence de l’épouse de la victime, de son frère et de son oncle, qui constituent de fait, la partie civile dans cette affaire. Celle-ci, selon l’arrêt de renvoi daté du 21 novembre 2005, a eu comme théâtre le paisible village de Tigzirt dans la commune de Beni Yenni, le 5 février de la même année. L’accusé a tiré avec un fusil de chasse à bout portant sur son propre père, après une dispute sur la disparition d’une clef à molette, alors qu’ils étaient en train de réparer la tuyauterie de la maison. « Mon père m’a accusé de voleur, et me clama de quitter la maison », a déclaré F.L. au jury. Et d’ajouter : « Je me suis dirigé vers la maison de mon grand-père pour me calmer », avant d’enchaîner  » je ne sais pas comment j’ai pris le fusil et suis passé à l’action ». C’est sur ces aveux que le juge a trouvé une brèche pour l’asséner de questions, en tentant de déceler le mobile de ce meurtre, durant l’étape des débats. « Pourquoi as-tu tué ton père? », Interroge le juge, et à l’accusé de répliquer plusieurs fois : « Je ne sais pas ce qui m’est arrivé ». Le rapport balistique effectué sur les lieux du crime indique, renchérit le magistrat, l’existence de six douilles de cartouches, « trois cartouches ont été tirées par le canon supérieur, et les trois autres par le canon inférieur ». Ce à quoi le président de l’audience rebondit : « Après avoir tiré deux balles, tu t’es rapproché de ta victime et tu as tiré deux autres balles à bout portant ». L’auteur a nié au début avant de se rétracter, sur insistance du magistrat, qu’il ne se souvient pas. Selon la version de l’accusé l’histoire de la clef disparue n’était que la goutte qui a fait déborder le vase, « il y a eu toujours des problèmes et mon père est un diabétique nerveux », la preuve, ajoute-t-il « tous mes frères ont quitté la maison ». Des révélations que les autres membres de la famille n’ont pas niées. Le frère du défunt a déclaré au tribunal que leur père avait même l’habitude d’humilier ses enfants, « il était très exigeant, moi-même j’ai eu un différend avec lui ».Le représentant du ministère public, qui a requis la perpétuité, a soutenu que l’accusé a préparé son coup, « c’est pour cela que », indique t-il « je lui ai posé la question sur le temps écoulé entre la dispute et le passage à l’action : il a répondu dix à vingt minutes ». Selon l’avocat général, F.L sait se servir d’une arme à feu puisqu’il a passé son service national, « le coup a touché une partie sensible de son corps ; le côté droit de son visage ».Le procureur général s’est appuyé dans son réquisitoire sur les aveux de l’accusé et le rapport d’expertise qui démontre que l’auteur de l’assassinat ne souffre d’aucun trouble psychique. Il reconnaît que les relations entre la victime et l’auteur sont très tendues ; mais l’acte est considéré par le parquet de dangereux.L’avocat de la défense Me Taleb a déclaré d’emblée que « c’est un drame de la vie, ou de la mal-vie », précise t-il. « L’accusé n’aurait-il pas préféré de vivre dans de bonnes conditions avec son père « , s’interroge la défense qui a tenté de minimiser l’ampleur du drame, en demandant de larges circonstances atténuantes.Me Taleb a signalé que le père est un enseignant et un directeur d’école primaire qui a vécu amèrement l’échec de sa vie, « alors qu’il formait les futurs cadres diplômés, ses propres fils n’ont pas réussi dans leurs études »,plaide-t-il.Dans le but de pulvériser le réquisitoire, la défense soutient qu’il n’y a eu jamais une étude balistique mais uniquement une étude technique sur l’arme et le lieu du crime. »L’accusé ne s’est pas acharné sur son père, comme tente de nous le faire croire le parquet », a déclaré Me Taleb, qui affirme qu’il n’y a eu qu’un seul impact de balle sur la partie droite du visage. « Il n’ y a pas eu six tirs de balles, mais une projection de grains de plombs, selon le type d’arme ». Au terme de sa plaidoirie, la défense a demandé de larges circonstances atténuantes. Une demande qui a été prise en considération par le jury, qui, rendu le verdict de quinze ans de réclusion, dans une affaire où la peine maximale s’élève jusqu’à la perpétuité ou la peine capitale.

M.Ait Frawsen

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