à trois jours de la fête de l’Aïd El-Adha, les spéculations sur le prix du mouton à sacrifier vont bon train.
Ainsi, le marché de Bechloul accueille depuis quelques jours des maquignons des différentes communes avoisinantes, mais également quelques revendeurs proposant des moutons de Djelfa, de Bordj Bou Arreridj, M’Sila et autres wilayas des Hauts-Plateaux. Néanmoins, malgré la multitude de têtes d’ovins proposées à la vente, peu d’engouement auprès des citoyens. Une vente timide y est constatée et le cheptel exposé n’attire pas beaucoup d’acheteurs, et ce pour différentes raisons. Premièrement, l’épisode de la viande altérée l’année dernière a refreiné les ardeurs des pères de familles qui sont plus méfiants et ne veulent plus dépenser des milliers de dinars pour jeter ensuite la viande de la bête immolée. Par ailleurs, et malgré la disponibilité du cheptel à profusion, les prix ne sont pas aussi accessibles que l’on pourrait croire. «35 000 dinars pour un agneau d’à peine 30 kilos, il faut vraiment négocier le prix avec le vendeur, car sinon je n’aurais pas assez de viande pour nourrir les invités, et il faudra que je mette encore la main à la poche pour acheter de la viande…», déplore un père de famille. Du coté des marchands de bestiaux, il est impossible de revoir à la baisse le prix des moutons, car le prix de l’aliment de bétail est devenu trop cher, et les pâturages ne suffisent plus à engraisser les moutons. «Depuis la fin du printemps, il est de plus en plus difficile de faire paître les moutons qui n’ingurgitent pas la quantité nécessaire d’herbe. Pour les engraisser nous devons acheter de la paille, du foin et aussi de l’aliment de bétail, pour que la bête soit engraissée correctement pour le rituel de l’Aïd», explique un éleveur de Chorfa. Toutefois, selon les dires, la plupart du cheptel proposé à la vente proviendrait essentiellement de la région de Bechloul, un atout pour certains éleveurs invoquant le fait que les bêtes ont été élevées en pleine montagne. Toutefois, si les moutons provenant des autres wilayas ne sont pas aussi prisés par les ménages, ils trouvent acquéreurs à bon prix semble-t-il, comme c’est le cas auprès des boucheries de la wilaya de Bouira : «Nous nous approvisionnons régulièrement sur les marchés à bestiaux et nos fournisseurs nous font des remises lorsque nous achetons la totalité de leur cheptel avec pour condition une garantie sur l’état de santé des bêtes», révèle Hakim, un boucher de la ville de Bouira. Il est vrai que pour une fois, le kilogramme d’agneau est relativement abordable dans les boucheries, avec des tarifs n’excédant pas les 1 200 DA, et parfois même moins. Cependant, même si les ventes de moutons se font de manière timide, ce n’est pas le cas pour les bovins. Des veaux qui se négocient, selon leurs gabarits, entre 80 000 et 120 000 DA et pour lesquels certains citoyens s’organisent autour de cet achat groupé. Un moyen palliatif et moins coûteux avec l’acquisition d’un veau par sept personnes pour le sacrifice le jour de l’Aïd. «Même si nous nous acquittons de 20 000 DA par personne, nous aurons plus de viande que si nous avions immolé un mouton», déclare Saïd, un quadragénaire qui en compagnie de ses proches venait de faire l’acquisition d’un veau.
Hafidh B.

