A qui la faute ?

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Beaucoup de constats ont été établis, beaucoup de commentaires ont été faits, mais le mal demeure intact. Parfois croissant. De fait, il serait peut-être temps, pour nous, de regarder les choses bien en face et de nous poser les vraies questions.L’amplification des actes de meurtres, de vols et d’agression serait-elle directement (et exclusivement) liée aux douloureux événements d’avril 2001 et le départ des gendarmes de la région ? Où serait-elle, tout simplement, la résultante de l’impuissance (réelle ou supposée) des forces de sécurité à contenir ce phénomène ? L’on pourrait, bien évidemment, s’aventurer à dire que la deuxième question n’aurait jamais existé sans la première, mais cela nous emmènerait à une simple observation des événements, et cela nous l’avons fait des dizaines de fois. La “délocalisation” (c’est le terme utilisé à l’époque par les autorités) des brigades de gendarmes de certaines communes de Kabylie a été, certes, une aubaine pour les dealers et les malfrats de tous bords, d’accroître leurs forces de nuisance et d’agir en tranquillité. Toutefois, il serait injuste de nier que, dans bien de communes et villages, les populations locales se sont merveilleusement débrouillées pour se prémunir de tout acte de délinquance ou de criminalité. Des communes entières sont dépourvues de tout corps de sécurité sans que cela ne génére une quelconque hausse de la criminalité. D’autre part, il serait impensable de remettre la gravité du contexte actuel sur une soit-disant défaillance des services de sécurité, et cela pour plusieurs raisons. D’abord, parce que les différents bilans d’activité de la police (ceux de l’armée n’étant jamais communiqués) se passent de tout commentaire et prouvent — tant pis pour ceux qui ne veulent pas l’admettre — que les polices de Tizi Ouzou demeurent actives et très efficaces. Plus de 85 des affaires liées à la criminalité ou à la délinquance sont traitées puis résolues dans des délais parfois déconcertants. Des dizaines de gangs, spécialisés dans différents trafics, ont été neutralisés ces derniers mois à Tizi Ouzou et leurs membres traduits devant la justice. De nombreux crimes et agressions ont été évité de justesse grâce à l’intervention de ces mêmes policiers. Ces derniers temps, notre quotidien faisait écho de la toute nouvelle stratégie d’action de la police, et qui consiste à opérer des descentes inopinées dans les quartiers les plus sensibles des localités de la wilaya. A ce jour, trois opérations du genre ont été menées à Tizi et Draâ Ben Khedda et se sont soldées par des dizaines d’arrestations et la récupération de drogues, de stupéfiants et d’armes blanches. De plus, il ne faut jamais omettre que les forces de la police, qui ont hérité des compétences territoriales des gendarmes ; ont dû agir sur des terrains ruraux vastes et très contrastés avec leur vocation à eux : les périmètres urbains. Pour finir, rappelons que ces mêmes policiers ont également servir sur tous les fronts et qu’ils ont été, aux côtés des militaires, à l’avant-garde de la lutte anti-terroriste. Personne ne peut nier, néanmoins, les quelques faiblesses (et parfois les absences) constatées ça et là dans le règlement de certaines affaires. Plus que jamais donc, la Kabylie a besoin de toutes ses forces pour agir et prétendre guérir et non pour s’entre-déchirer. Une fois les vraies questions cernées, la riposte ne sera qu’une question de temps. L’insécurité nous interpelle tous.

Ahmed Benabi

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