18 manifestants sous mandat de dépôt

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Déférés hier devant les tribunaux de Sidi M’hamed et de Bab El Oued à Alger, dix-huit manifestants, arrêtés vendredi dernier lors de la marche populaire dans la capitale, pour avoir brandi un autre drapeau que l’emblème national, ont été placés sous mandat de dépôt, sur décision des juges d’instruction chargés d’instruire l’affaire.

Les dix-huit manifestants étaient poursuivis, selon leurs avocats, pour les chefs d’accusation «d’atteinte à l’unité nationale» et «atteinte à l’emblème national» lors de la marche de vendredi dernier, à Alger, où ils brandissaient le drapeau berbère à côté de l’emblème national, à l’instar d’ailleurs de milliers d’autres manifestants à travers les autres wilayas du pays.

Lors de la manifestation du vendredi 21 juin, une centaine de personnes ont été arrêtées par les forces de l’ordre pour avoir été en possession du drapeau amazigh. Si une grande partie des manifestants ont été relâchés dans la journée du vendredi, d’autres ont eu moins de chance. C’est ainsi que treize manifestants, qui ont été présentés hier devant le tribunal de Sidi M’hamed et cinq autres devant celui de Bab El Oued, ont été placés sous mandat de déport sur décision des juges d’instruction.

Selon la chaîne de télévision publique A3, ces manifestants sont poursuivis pour «outrage à corps constitué». Ils ont été arrêtés par les forces de l’ordre lorsque celles-ci ont tenté de confisquer des «drapeaux autres que l’emblème national», c’est-à-dire le drapeau amazigh. Selon la même source, l’une des personnes arrêtées portait «une arme prohibée».

Vives réactions sur les réseaux sociaux

À l’annonce de la nouvelle de l’incarcération de manifestants placés sous mandat de dépôt à la prison d’El Harrach, poursuivis pour avoir brandi un autre drapeau que l’emblème national lors de la marche de vendredi dernier, les réseaux sociaux se sont enflammés et des réactions virulentes s’en sont suivies. L’incarcération de ces manifestants a déclenché une vague d’indignation. «Nous ne comprenons pas cette attitude de la justice… Où sont les juges et les avocats qui accompagnaient le Hirak à ses débuts ? Nous sommes désormais seuls face à cette machine judiciaire infernale. Mais nous resterons mobilisés pour faire sortir de prison nos camarades», commentaient des jeunes de Haizer qui s’inquiétaient pour trois des leurs, arrêtés lors de la marche de vendredi. Sur les réseaux sociaux, la mobilisation et la rage étaient perceptibles suite à l’annonce de leur transfert vers la prison d’El Harrach. Des appels à des marches et à des grèves générales dans leurs régions respectives sont quelques-unes des propositions émises par une cellule de crise installée à la hâte, afin de coordonner des actions pour libérer tous les jeunes manifestants. Hier, la commune de Naciria, à l’Est de Boumerdès d’où est originaire un des manifestants incarcérés hier, était totalement paralysée par une grève générale à laquelle se sont joints les fonctionnaires, les travailleurs de tous les secteurs et les commerçants.

Ali C. et

Hafidh Bessaoudi

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