Les villageois de la petite bourgade de Boukharouba, dans la commune de Timizart, à 40 kilomètres au Nord du chef-lieu de Tizi-Ouzou, se débattent dans de nombreux problèmes. Ils n’ont de cesse de réclamer l’amélioration de leur cadre de vie pour sortir du sous-développement qui caractérise leur quotidien.
Ce patelin d’environ 1 000 âmes éprouve beaucoup de mal à sortir de son enclavement et les mesures d’accompagnement ne semblent pas constituer la priorité des autorités locales. «Notre village est le grand oublié des plans de développement local, tant rien n’est inscrit à son actif depuis des lustres», s’écrie un jeune de la localité. En effet, dans ce village révolutionnaire qui semble vivre en marge de la civilisation, il n’y a ni gaz naturel, ni éclairage public, ni infrastructures de proximité…
Le raccordement au gaz, un projet qui s’éternise
Le projet de raccordement de Boukharouba au gaz naturel, lancé il y a quelques années, tarde à se concrétiser. Bien que les travaux de pose de la tuyauterie aient été entamés, l’alimentation des foyers en cette énergie vitale n’est pas pour demain. Et pour cause, l’entreprise en charge de la réalisation a déserté le chantier, faute de financement à même d’assurer la continuité des travaux, a-t-on informé. Et ce sont les citoyens qui devront payer les pots cassés. Ceux-ci craignent, notamment, l’arrivée de la saison hivernale, synonyme d’embarras et de frustration, sachant que pour s’approvisionner en gaz butane dans cette localité, il faudrait, bien souvent, faire de longs kilomètres. «En hiver, on se voit parfois contraints de se chauffer au bois, faute de bonbonnes de gaz. On a cru notre problème réglé une fois les travaux de raccordement entamés. Hélas, notre joie ne fut que de courte durée», regrette un villageois. Le chemin qui traverse le village est, à lui seul, un vrai fait insolite ! En effet, la route a été tout récemment bitumée et a fait peau neuve, sauf qu’à l’entrée Sud, il reste un tronçon d’environ 500 mètres dans un état de délabrement avancé. Personne ne comprend pourquoi ce tronçon n’a pas été inclus dans l’opération de revêtement. Cette situation a mis les riverains dans le désarroi et la consternation, dénonçant «le bricolage» et un «manque de considération criant» à leur égard.
La route, mi-figue, mi-raisin
«Comment se fait-il que dans tous les villages voisins, les travaux de bitumage ont été menés à terme par les entreprises ? À Boukharouba, on a innové en matière de bricolage avec ce tronçon qu’on n’a pas jugé utile de rénover», s’insurge Kamel, un jeune étudiant du village qui n’a trouvé mieux que l’ironie pour exprimer sa «profonde colère» : «Comme ça, ceux qui veulent se rendre au village seront déroutés d’entrée. C’est un avant-goût de ce que nous vivons quotidiennement, et ce sur tous les plans. De toute façon, vaut mieux ne pas s’y rendre, il n’y a absolument rien à voir», peste-t-il.
La jeunesse livrée à l’oisiveté
En l’absence d’infrastructures juvéniles, la jeunesse de Boukharouba est livrée à elle-même :«On n’a ni aire de jeux, ni foyer de jeunes, ni stade de proximité… En somme, nos jeunes n’ont aucun espace de loisir où se rencontrer, échanger ou se détendre», souligne le jeune Kamel qui explique que le seul endroit où ils peuvent se défouler reste le stade du village limitrophe, Ibdache. Laminés par le chômage et laissés-pour-compte, ces jeunes se voient exposés, malheureusement, à la déperdition et aux fléaux sociaux. L’éclairage public est cette autre commodité quasi inexistante dans pratiquement toutes les ruelles du village. Les habitants n’ont pas hésité à tirer la sonnette d’alarme face à cette situation jugée «grave». A chaque nuit tombée, Boukharouba se retrouve dans le noir. Ainsi, c’est dans l’obscurité totale que des villageois rejoignent leurs foyers. La circulation automobile, elle, y devient difficile, voire impossible en l’absence de lampadaires dans ces ruelles désertées, qui s’apparentent à un no man’s land. Le village vit également au rythme des pénuries d’eau potable. A noter que le problème ne date pas d’hier, puisqu’il se pose pratiquement chaque été. Pour faire face à cette crise, les habitants se rabattent sur les sources et les points d’eau ou les citernes : «On n’a plus d’eau depuis des mois, notre village est le plus affecté par cette crise par rapport aux autres villages voisins, car il y a une répartition inéquitable de la denrée, favorisant certains et marginalisant notre village», confie un autre villageois. D’aucuns à Boukharouba souhaitent l’évolution des choses dans les meilleurs délais, pour en finir avec le «calvaire» qu’ils endurent depuis de longues années. L’on estime que les autorités locales doivent accorder une importance particulière à la réévaluation des veritables besoins du village en termes de commodités et d’infrastructures d’accompagnement, afin de lui permettre une prise en charge adéquate pour un sursaut économique et social.
Ahmed Oulagha