La passagère, un rite de passage

Partager

La passagère est un court métrage réalisé par Sarah Hatem et tourné au Liban. À Byblos, au Liban, une jeune femme est en quête de ses mots d’enfance. C’est le quatrième court métrage de la jeune réalisatrice libanaise. Cette dernière atteste qu’elle a surtout travaillé sur le rite du passage. Dans l’histoire, «la jeune femme traverse cet espace particulier en dehors du temps et de l’espace, qui est le propre du rite et qui permet cette transition identitaire, du fait poser une peau pour laisser apparaître une autre, celle qui se cachait derrière», dira la réalisatrice. Donc là «la vieille peau c’est l’enfant adulte qu’elle quitte durant cette traversée», expliqua-t-elle. Elle ajoute, comme cette enfant adulte a un corps d’adulte, elle a besoin d’un corps d’enfant pour l’aider à traverser ce rite, plus précisément pour rendre le corps de ce fantôme tangible. Elle réplique, le petit garçon Lukas a les yeux fermés paradoxalement, la petite fille Louna a les yeux ouverts. Concernant le rite du passage, la jeune réalisatrice dira que c’est un thème qu’elle voudrait développer dans un long métrage et une pièce de théâtre. Elle adjoint, «cela fait très longtemps que je travaille sur ce sujet, il y a déjà un récit que j’ai écrit il y a dix ans. Cela prend beaucoup de temps pour arriver à cette simplicité, ensuite l’écriture c’est des strates». Interprétant l’histoire, elle nous dira que «quand le petit Lukas, ce n’est plus lui, il est un petit garçon fantôme dans cette zone-là et Louna quand elle y va, elle n’est plus Louna mais elle est mon corps de petite fille qu’elle va en fait réveiller pour me permettre de quitter cette zone-là de la mort en fait». Elle réplique, les ruines représentent la mort et dans le film la fille fait des allers-retours en préparant le passage entre la vie et la mort, la mère et les ruines. C’est toute une réflexion autours du rite de passage. Le garçon a les yeux fermés, il est tout seul et il parle à sa mère mais la fille a les yeux ouverts et elle s’en va, elle quitte le monde des fantômes. Pour cette petite fille, elle a traversé la mort, elle est revenue donc c’est une revenante par opposition, au petit garçon, à côté, qui n’est pas revenu car il est mort.

M. S.

Partager