La rentrée scolaire qui s’est déroulée dans le calme au niveau de la daïra de Bouzeguène, a révélé au fil des jours des problèmes au niveau de nombreux établissements.
Un peu plus de deux semaines après cette rentrée scolaires 2017/2018, de nombreux établissements scolaires : écoles primaires, collèges et lycées manquent encore de personnels enseignant, de surveillants, de directeurs, de personnels d’entretien et de cantines. Les parents d’élèves, les premiers concernés, s’inquiètent du devenir de leur progéniture. C’est le cas des établissements scolaires d’Aït Zikki où six écoles sont sans directeurs depuis la rentrée scolaire alors que certaines d’entre elles manquent également d’enseignants, notamment pour le préscolaire et la première année. Cette situation est surtout accentuée par le fait que les enseignants nouvellement affectés, constitué en majorité de femmes, n’ont pas rejoint leurs postes d’affectation, le plus souvent, en raison de l’éloignement mais aussi du problème d’hébergement. Outre le manque d’enseignants, de nombreux établissements du primaire, du moyen et du secondaire, souffrent de l’insuffisance de personnel administratif, de direction, de surveillance, d’entretien et de cantines. À l’instar de l’année dernière, de nombreuses écoles sont gérées par des directeurs ou proviseurs dits «faisant fonction» choisis parmi le personnel ancien ou ceux affectés d’un autre établissement. Certains enseignants sont nommés comme directeurs chargés de deux établissements scolaires, notamment dans le cycle primaire. La formation du personnel administratif est le «parent pauvre» du système éducatif. Outre le personnel de direction, celui de la surveillance reste problématique. Le manque de surveillants généraux et d’adjoints de l’éducation dans les collèges et lycées, a été depuis longtemps soulevé en raison de la suppression des postes budgétaires dus à l’austérité. Ce personnel est désigné selon le nombre d’élèves, or, actuellement, les nominations ne tiennent plus compte de cette situation. La crise du manque de personnel dans l’éducation affecte aussi celui des agents de service dans les cantines. Dans les écoles primaires, des situations inhabituelles commencent à se généraliser. À défaut d’agents de service, c’est le cuisinier qui assure aussi le service, parfois même ce sont des enseignantes qui servent à manger à leurs élèves. L’affectation du personnel de service, d’entretien et de cuisine est du ressort des APC. Depuis la fin de l’année scolaire 2016/2017, les femmes de ménage ont été informées que leurs contrats ne seront plus renouvelés suite à la note du ministère de la solidarité nationale adressées aux APC qui gèrent les dispositifs sociaux. Ces femmes qui exercent pour 5000 dinars par mois après avoir trimé, entre 5 ans et 17 ans pour certaines d’entre-elles, ont manifesté, dernièrement leur mécontentement devant les APC et le chef-lieu de daïra, contre cette décision qui ne reconnait pas leur sacrifice, surtout qu’elles ont été surexploitées indignement par l’administration. On ignore le sort qui leur sera réservé même si pour le moment, elles sont maintenues sur poste sans garantie de payement. Aussi, le nombre d’enseignant admis à la retraite a pesé lourd dans la balance. Leur remplacement est quasi impossible même avec les lauréats du concours et la liste d’attente. L’administration recourra certainement, comme l’année dernière, au recrutement des contractuels. Faute de personnels formés, le secteur stratégique de l’éducation fonctionne avec du colmatage de brèches. Cette situation a provoqué, mardi dernier, l’ire des parents d’élèves de l’école primaire « Chahid Mohand Ouamer Aliane » du village Ihitoussène, ceux-ci ont organisé un rassemblement devant l’inspection primaire de la circonscription de Bouzeguène pour réclamer des enseignants et un directeur d’école. Mais leur déception est forte puisqu’ils ont trouvé la porte de l’inspection doublement cadenassée. Un agent de l’école les informera que l’inspecteur était chargé de deux écoles, ne disposant pas de secrétaire dont le contrat n’a pas été renouvelé, le bureau est ainsi fermé. Comme beaucoup d’autres écoles de la daïra, l’école du village Ihitoussène est plongée dans une instabilité criarde en raison du manque récurrent de directeur et d’enseignants. On nomme une enseignante comme « directrice » pour que chaque jour, aux risques et périls, elle abandonne ses élèves pour effectuer une formalité administrative à l’inspection ou à l’académie de Tizi-Ouzou. Au niveau des infrastructures de l’éducation, le CEM d’Aït Zikki, n’ouvrira pas ses portes cette année encore, malgré le taux d’avancement appréciable du projet. Tout est achevé à l’exception des VRD qui trainent depuis l’année dernière. L’entrepreneur chargé du projet a refusé de poursuivre les travaux tant qu’il n’aura pas été payé. En attendant les collégiens étudient dans des conditions incommodantes au sein d’une école primaire du village de Berkis, fermée depuis des années pour manque d’élèves. Selon nos sources, l’entrepreneur est prêt à reprendre le travail dès qu’il aura reçu son argent.
Lynda Azzoug