D’un handicap à l’autre

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Ils et elles traînent leur handicap à longueur d’année. Résolument décidés à s’en remettre, à la grâce divine, les handicapés se cloîtrent dans un mutisme qui leur est propre à défaut d’une prise en charge adéquate des services sociaux. Qu’ils soient sourds-muets, aveugles, malvoyants, mongoliens, infirmes ou paralytiques, les personnes à mobilité réduite sont toujours dépendantes d’une personne valide qui doit les aider chaque jour. Déjà que pour une personne valide et bien portante, il est extrêmement difficile d’évoluer dans une société où les devoirs priment sur les droits, on peut aisément imaginer les difficultés et l’embarras auxquels sont confrontés les infirmes.A commencer par les moyens de transport publics qui sont inadaptés aux handicapés, de même pour les accès aux édifices publics qui demeurent inaccessibles aux invalides. Pourtant, il n’est pas rare d’apercevoir des places de stationnements pour véhicules réservés aux handicapés aux abords-même de ces édifices, mais pour pouvoir y accéder, c’est une autre paire de manche. Escaliers abrupts font, hélas, désormais partie de ces architectures hideuses et froides, en plus des labyrinthes qui font office de couloirs et de corridors. Lors de la cérémonie en l’honneur des handicapés de la wilaya de Bouira, qui s’est déroulée à l’Ecole des sourds-muets, la directrice par intérim de la Direction de l’Aide Sociale, révélera que le ministère de la Solidarité a été saisi pour réaménager différents édifices publics afin que les handicapés puissent y accéder librement. Interrogée à propos des auto-écoles spéciales pour handicapés désirant obtenir le permis de conduire, notre interlocutrice dira qu’il n’y existe aucune de ce genre à travers le territoire de la wilaya. Ainsi, selon les chiffres émanant de la DAS, près de 12 478 handicapés auraient été recensés dans la wilaya de Bouira. Un chiffre largement contesté par de nombreux infirmes que nous avons pu approcher. “ll y a dans presque chaque commune de la wilaya des handicapés dont personne n’a entendu parler”, dira un non-voyant originaire de Takerboust. Pour les non-voyants justement, dont le nombre avoisine les 2053, les doléances concernant leur statut sont multiples. Ainsi, rédigés sur une pancarte, plusieurs points sont abordés. Tout en interpellant les autorités publiques pour mettre un terme à leurs souffrances, les non-voyants dénoncent entre autre le manque de livres en braille et de librairies spécialisées, mais aussi et surtout de la revalorisation de leur pension. “Nous sommes confrontés à un véritable casse-tête au quotidien… avec une minable pension de 1 000 DA par mois, nous ne pouvons subvenir aux besoins de nos familles”, dira un ancien salarié de l’ENABROS, qui déplore la suppression de la réduction de 40% des loyers. Egalement soulevé comme question, les emplois de standardistes qui devraient, selon les non-voyants, leur être destinés. “C’est le seul emploi qui peut nous être confié, tout en sachant que nous pouvons l’assumer pleinement”, dira notre interlocuteur.Notons, enfin, que la cérémonie qui s’est déroulée en présence des officiels aura été bénéfique pour trente-huit handicapés ayant reçu des fauteuils roulants, quant aux autres infirmes présents, ces derniers se sont vu offrir différents cadeaux.

Hafidh B.

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