La grogne s’amplifie à la maison de l’ex-parti unique, suite à l’opération de confection des listes. Les conséquences d’une confection largement contestée s’annoncent lourdes.
Dénonciations, grogne retraits et démissions en cascade, telle est l’actualité au jour d’aujourd’hui au sein du vieux Front de libération à Tizi-Ouzou. A Draâ Ben Khedda, c’est carrément l’explosion. Les membres de l’organisation nationale des enfants des Moudjahidine jettent l’éponge et annoncent leurs «retrait et démission collectifs de la liste FLN pour les prochaines élections communales». Une décision prise suite aux remous qu’a engendrés l’opération de confection de la liste de cette région «dans laquelle les moudjahidine et leurs enfants ont été marginalisés», lit-on dans une déclaration rendue publique. Un doigt accusateur est pointé vers «l’imperturbable» mohafedh de Tizi-Ouzou, député et chef du groupe parlementaire du parti, Said Lakhdari. Ce dernier, selon ses détracteurs, «a totalement fait fi de l’instruction n°12 du parti, dans le choix des candidats». Il est accusé d’avoir «refusé de travailler avec démocratie et transparence dans l’élaboration des listes». Les enfants de moudjahidine affirment que le Mohafedh «a confectionné lui-même une liste» qu’ils qualifient de «catastrophique» et «non représentative» et dont ils se «démarquent». Les démissionnaires dénoncent «la transgression» par ledit mohafedh des prérogatives de la commission qui, elle, s’est référée à l’instruction n°12 émanant du secrétaire du parti. «Nous avions opté pour des candidats intègres, honnêtes, connus et appréciés dans la commune de Draâ Ben Khedda», précisent encore les démissionnaires. La même situation prévaut au FLN de Draâ El Mizan, où les membres de la kasma ont eux aussi annoncé leur démission collective du parti, remettant en question le choix des candidats de la liste électorale de la région. Ils dénoncent «énergiquement» des agissements «néfastes» au sein du parti. Les démissionnaires, là aussi, accusent le mohafedh Said Lakhdari de ne pas prendre en considération la liste confectionnée par la commission locale. La liste validée par le député, selon eux, «est composée de personnes étrangères au parti. La tête de liste réside à l’étranger». Et d’ajouter : «Cette liste est confectionnée et parrainée par un barman connu pour ses actes de corruption». Les personnes incriminées, précise-t-on, auraient demandé à la commission représentative de la kasma de Draâ El-Mizan, «composée de militants intègres et de membres de l’ALN, de quitter la salle si le choix ne lui convenait pas». A Tizi-Ouzou, le scénario est le même, voire pire. Là encore, selon les déclarations des membres de la commission des élections, rapportées dans nos précédentes éditions, «le choix de la liste n’a pas été respecté et c’est la liste établie par le Mohafedh et deux autres membres qui a été validée». Une situation qui a suscité la colère des membres de la commission et des militants. La grogne est donc quasi-générale à travers l’ensemble des kasmas du parti dans la wilaya et «les conséquentes risquent d’êtres catastrophiques», craint-on. Les militants et les membres des commissions, dont le choix n’a pas été respecté, s’interrogent : «Pourquoi avoir installé des commissions, pour après transgresser leurs prérogatives ?». «La confusion règne au sein du FLN, celui-ci perd ses repaires», regrettera un cadre du parti qui a requis l’anonymat. Il ajoutera : «Avant, il y avait une catégorie de gens qui ne pouvaient en aucun cas figurer sur nos listes, aujourd’hui, les séparatistes, les voyous et la Chekara ont pris la place des enfants de Moudjahidine et des militants intègres au FLN». Un état des lieux inquiétant que le parti risque de payer cher à quelques semaines seulement des échéances électorales. L’on apprend, par ailleurs, et de source sûre, que l’affaire du deuxième sur la liste FLN du chef-lieu, accusé «d’avoir des antécédents séparatistes», est désormais portée à la connaissance des services de la gendarmerie, qui «vont probablement engager une enquête» pour déterminer les tenants et aboutissants de cette histoire.
Kamela Haddoum.

