«Le maintien de la présidentielle mènera à l’impasse»

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Ahmed Taleb Ibrahimi, Ali Yahia Abdenour et Rachid Benyelles ont appelé, hier, l’autorité militaire à «ouvrir un dialogue pour sortir de l’impasse dans laquelle se trouve le pays» depuis plus de trois mois. Dans une tribune signée par les trois personnalités rendue publique hier, Ali Yahia Abdenour, avocat et militant des droits de l’homme, Ahmed Taleb Ibrahimi, ancien ministre, et Rachid Benyelles, général à la retraite, appellent le commandement de l’ANP à ouvrir un dialogue «sincère et direct avec les représentants du soulèvement populaire, ceux des partis politiques soutenant le mouvement populaire et ceux des forces sociales».

Un dialogue indispensable pour parvenir à une «solution politique consensuelle dans les plus brefs délais», selon les signataires de l’appel. L’impasse actuelle est porteuse, selon eux, de grands dangers, qui s’ajoutent à une situation régionale tendue. «La situation de blocage à laquelle nous assistons par le maintien de la date du 4 juillet (élection présidentielle) ne pourra que retarder l’avènement inéluctable d’une nouvelle République, car comment peut-on imaginer une élection libre et honnête, alors qu’elle est d’ores et déjà rejetée par l’immense majorité de la population parce qu’elle est organisées par des institutions encore aux mains de forces disqualifiées, opposées à tout changement salutaire ?», s’interrogent-ils.

Dans ce même document, les trois hommes appellent à l’annulation du scrutin présidentiel, prévu le 4 juillet prochain, et qui ne peut être organisé par «des institutions dirigées par des forces opposées au changement». Le trio appelle aussi à la mise en place d’une «courte transition» conduite par des hommes et des femmes «n’ayant jamais appartenu au système profondément corrompu des vingt dernières années». «Cette période est nécessaire pour mettre en place les mécanismes et dispositions permettant au peuple souverain d’exprimer librement et démocratiquement son choix à travers les urnes, un processus qui va dans le sens de l’histoire et que rien ni personne ne saurait arrêter», soulignent Ahmed Taleb Ibrahimi, Ali Yahia Abdenour et Rachid Benyelles.

Ces derniers rappellent que le 22 février 2019, les Algériens «toutes classes sociales et tous âges confondus sont sortis par millions dans les rues de l’ensemble des grandes villes du pays pour manifester pacifiquement, crier leur colère et refuser l’humiliation qu’un pouvoir arrogant… Les manifestations grandioses de ces treize dernières semaines ont forcé l’admiration du monde entier et nous ont rendu notre dignité trop longtemps bafouée, comme elles nous ont permis de recouvrer notre fierté d’appartenir à une grande nation.

Elles auront également fortement contribué à renforcer l’unité nationale et la volonté du vivre ensemble, quelles que soient nos différences politiques et nos sensibilités culturelles ou doctrinaires», ajoutent-ils.

Ali C.

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