«Cela prouve que je n’ai pas travaillé en vain»

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En marge de la cérémonie de remise de distinction de Doctorat Honoris Causa qui lui a été décernée, hier, à l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, le «philosophe» a bien voulu répondre aux questions de la Dépêche de Kabylie. Il a exprimé son ressenti, et sa réjouissance et évoqué son avenir.

La Dépêche de Kabylie : Cette distinction (Doctorat Honoris Causa) est le couronnement de 50 ans de carrière, que ressentez-vous aujourd’hui ?

Lounis Aït Menguellet : Je ne peux qu’être ravi sincèrement. Cette initiative m’a fait énormément plaisir, cela prouve que je n’ai pas travaillé en vain. Aussi, cela témoigne de tout l’intérêt et l’amour dont je suis entouré et qui me comblent. J’ose croire, que mon travail a apporté quelque chose et contribué à l’épanouissement de notre langue et notre culture.

Votre nom s’inscrit désormais en lettres d’or dans l’histoire des personnalités kabyles aux côtés de celui de l’Amousnaw Mouloud Mammeri. Quelles sont vos impressions ?

C’est un grand honneur pour moi d’être associé à un immense personnage comme Mouloud Mammeri. Cela ne peut être qu’une grande fierté.

Votre œuvre est exploitée à l’université. Qu’est-ce que cela vous fait ?

J’espère que cette exploitation sera bénéfique pour l’avancement et l’épanouissement de notre langue et notre culture.

Vous n’avez jamais envisagé de donner des cours aux étudiants, voire même aux jeunes artistes, des conférences…pour transmettre votre savoir mais surtout votre philosophie ?

S’il y a un savoir à transmettre, il ne peut être transmis qu’à travers ce que je fais aujourd’hui, donc par ma poésie, mes textes et chansons. Je n’ai pas les qualités d’un enseignant, malheureusement. Cette qualité réside surtout dans cette faculté extraordinaire de savoir transmettre le message. Moi, je sais le faire à travers ma voix, ma musique et mes chansons c’est tout. Je continuerai à le faire d’ailleurs tant que je le pourrai. J’espère pourvoir le faire encore longtemps…

Cette attention accordée par l’Etat aux grandes personnalités kabyles dont vous-même et le défunt Mouloud Mammeri dont le centenaire de naissance est fêté de manière grandiose, vous, personnellement, comment vous l’interprétez ?

Il faut savoir que moi je suis un artiste, je ne fais pas de la politique. Je ne fais pas de lecture politique. Le plus important pour moi c’est qu’aujourd’hui je suis là grâce aux miens, ceux que j’aime et ceux qui m’aiment. Cette rencontre c’est grâce à eux tous qu’elle a eu lieu. C’est à eux que je rends hommage. Tous ceux qui viendront dans l’optique d’apporter un plus à la culture kabyle, on leur souhaite la bienvenue, on leur dit merci d’être venus. Aujourd’hui, tous ceux qui sont là et tous ceux qui ont exprimé leur amour je leur dit merci.

Quelle tournure pensez-vous donner à votre carrière aujourd’hui après avoir atteint le sommet ?

Je ne pense pas que quelque chose a changé pour moi en matière de travail. J’ai toujours travaillé en essayant de donner le meilleur de moi-même. J’espère que je vais pouvoir le faire encore à l’avenir pour longtemps. Cette récompense, je l’ai ressentie comme une reconnaissance pour le travail que j’ai fourni. C’est justement cette reconnaissance qui me procure une satisfaction. Cela symbolise une avancée, je dirai. Tout geste de ce genre est un jalon dans l’avancée de notre langue et culture.

Qu’envisage Lounis Aït Menguellet pour l’avenir ? Des grands projets qui vous tiennent à cœur ?

Je n’ai jamais eu de projet de ma vie. Cela fait 50 ans que je n’en ai jamais eu. Il n’y a pas de raison pour que je commence aujourd’hui à en avoir. J’ai toujours écrit mes textes d’une façon instinctive et spontanée. J’ai traduit à chaque fois mon ressenti. J’ai écrit ce que je pense de la vie en général. Je ne vois pas ce qui va changer. Néanmoins, j’espère avoir toujours des angles intéressants à offrir s’il y aura des textes futurs.

La réflexion philosophique de Lounis Aït Menguellet, est-elle le fruit de recherches, études ?

Ce que j’écris et ce que je chante est le fruit de ma curiosité. Le fruit de mon sens d’observation. C’est ce qui me permet de développer les sujets à ma façon. C’est le fruit de ma réflexion profonde, il s’agit de donner un sens à tout. Pour moi il n’y a pas de mystère.

Pour vos fans c’est un grand mystère…

J’aurais aimé pouvoir le leur éclaircir plus…

La réflexion philosophique de Lounis Aït Menguellet, est-elle le fruit de recherches, études ?

Ce que j’écris et ce que je chante est le fruit de ma curiosité. Le fruit de mon sens d’observation. C’est ce qui me permet de développer les sujets à ma façon. C’est le fruit de ma réflexion profonde, il s’agit de donner un sens à tout. Pour moi il n’y a pas de mystère.

Récemment, depuis Béjaïa, vous avez déclaré ne pas maîtriser parfaitement le Kabyle.

Que vouliez-vous dire par là ?

Oui, c’est exactement ce que j’ai dit. Déjà il faut savoir que j’ai horreur des gens qui prétendent connaître tout. C’est dans ce sens là que ma déclaration a été faite. Il faut toujours chercher, se poser des questions. La curiosité dans le bon sens est bien. Elle nous pousse vers la recherche, le savoir. Elle nous permet d’apprendre. Je ne peux pas dire que je maitrise « Thaqvaylith », encore moins dire que je la maitrise parfaitement. C’est tellement vaste, que chaque jour, à chaque nouveau contact, à chaque nouvelle rencontre, j’apprends. C’est valable pour tout. On apprend jusqu’à la mort.

Propos recueillis par Kamela Haddoum.

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