Sit-in des gardes communaux

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Plusieurs dizaines d’anciens éléments de la garde communale venus de 28 wilayas du pays se sont rassemblés, hier matin, devant le siège de la wilaya de Bouira.

Ces gardes communaux, membres du collectif national autonome de la garde communale, ont avancé une plate-forme de revendications dans laquelle ils réclament essentiellement une reconnaissance officielle de leurs sacrifices durant la décennie noire, ainsi que l’amélioration de leurs conditions de vie. Selon M. Amar Bakouche, coordinateur du collectif autonome de la wilaya de Béjaïa, ce mouvement né récemment se distingue des anciens cadres représentants les gardes communaux. Selon-lui, ce nouveau cadre devra s’occuper exclusivement des revendications socioprofessionnelles de ce corps et éviter «les dérives politiques» des anciens cadres : «Notre collectif se veut rassembleur et fédérateur. Les gardes communaux de plus de 28 wilayas du pays ont adopté cette plate-forme de revendications et ont dénoncé les dérives des anciens cadres, notamment la coordination nationale de la garde communale, scindée en deux clans. Nous sommes complètement autonomes et avons avancé nos doléances, celles liées à l’amélioration de nos conditions de vie», affirme notre interlocuteur. Selon ce dernier, plusieurs revendications ont été adoptées par les membres de ce collectif. Il s’agit de la reconnaissance officielle de leurs sacrifices pour la sauvegarde de la République durant les années de la guerre civile et d’un statut de martyr pour les 4 863 gardes communaux assassinés par les terroristes, ou morts durant les combats au cours de la période de la tragédie nationale : «Notre engagement est un dévouement pour l’Algérie et pour la République. Nous avons le droit d’être reconnus en tant que combattants ou martyrs pour la démocratie», ajoute notre vis-à-vis. Il soulèvera aussi la revendication de la révision des retraites des anciens gardes communaux ainsi que de la prime de 3 000 DA accordée aux veuves des éléments assassinés par les terroristes : «Les veuves de nos anciens camarades sont abandonnées. Elles galèrent avec leurs familles pour trouver un revenu et un logement digne du sacrifice de leurs maris ! L’Etat doit aussi revoir à la hausse nos retraites ainsi que les primes accordées aux blessés et aux handicapés.» En plus des points cités, les protestataires réclament, également, le remboursement des heures supplémentaires ainsi que les primes pour les missions de combats, effectuées avec les éléments de l’Armée nationale. Ils réclament, aussi, l’accès aux hôpitaux militaires, notamment pour les éléments atteints de maladies chroniques et les handicapés : «Au lieu des 8 heures réglementaires, nous effectuions des opérations de ratissages qui duraient jusqu’à 16h ! Au combat, il n’y avait aucune différence entre nous et les militaires de l’ANP qui comptaient beaucoup sur nous. Aujourd’hui, ces heures supplémentaires ne sont toujours pas comptabilisées. Pire encore, certains ont été arbitrairement radiés du corps et n’ont pu bénéficier d’aucune paie ni de prime, ni encore d’une assurance malgré leurs grands sacrifices», ajoutera notre interlocuteur, avant de soulever le cas des gardes communaux atteints de cancer de poumons.

Le wali Mustapha Limani a reçu une délégation des protestataires

Selon-lui, une section de plus de 50 gardes communaux, mobilisés durant 10 ans pour la protection d’une base pétrochimique dans la wilaya de Laghaout, ont été atteints de cancer des poumons, sans bénéficier d’aucune couverture médicale spécialisée : «Certains d’entre eux sont déjà morts et d’autres survivent dans des conditions lamentables ! Nous avons aussi plus de 56 gardes communaux disparus ou kidnappés par les terroristes. Leurs familles n’ont toujours aucune nouvelle d’eux !» a-t-il précisé. À noter vers la fin qu’une délégation des protestataires a été reçue, durant la même matinée, par le wali de Bouira, M. Mustapha Limani, pour lui remettre une copie de leur plate-forme de revendications. Les protestataires se sont, par la suite, dispersés dans le calme, en affirmant qu’ils reviendront prochainement à la charge si «leurs revendications ne sont pas prises en considération par les pouvoirs publics.»

Oussama Khitouche

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