Chômeurs, travailleurs, investisseurs et l’ensemble de la composante de la société civile de Tizi Ouzou auront ainsi les yeux braqués, pendant au moins trois ans, vers ce nouveau venu, appelé à gérer une région noyée dans une léthargie socio-économique. Une alternative se présente d’ores et déjà à M. El Hocine Mazouz : booster les projets de développement et freiner, par là même, les crispations des citoyens ou bien faire dans la continuité, ce qui pourra causer à la wilaya un cumul de retards et l’aggravation du climat social déjà assez délétère. 78 milliards de dinars à gérerLe plan quinquennal 2005/2009 devra insuffler une nouvelle dynamique de développement pour la wilaya pour laquelle les pouvoirs publics ont réservé 78 milliards de dinars afin de concrétiser le plan de relance prôné par le président de la République. Pour le seul exercice 2006, le nouveau wali devra consommer les 20 milliards de dinars injectés pour le plan de développement. Cette somme est destinée à la réalisation d’un nouveau pôle universitaire (6 milliards de dinars), projets d’infrastructures socioculturelles et jeunesse, notamment pour l’entame du nouveau stade de Tizi Ouzou (5 milliards de dinars). Le secteur des travaux publics a bénéficié de 4,91 milliards de dinars destinés essentiellement au deux grands projets de la rocade sud et du chemin de fer reliant la ville de Tizi Ouzou à la zone industrielle de Oued Aissi. Les moins lotis dans cet exercice sont les secteurs de l’agriculture et l’hydraulique ( 1,411 MDA), l’habitat (1,430MDA), l’éducation et la formation (1,502MDA). Deux secteurs sont exclus du bénéfice de cette enveloppe, il s’agit de l’industrie et de la pêche. Si le premier secteur est soumis à la politique de privatisation tous azimuts, centralisée en haute sphère du pouvoir, celui de la pêche nécessite une « révision » de stratégie jusque là incapable de drainer des investisseurs. Selon les déclarations du directeur de la planification et de l’aménagement de territoire (DPAT), reprises par « El Watan » la semaine dernière, « tous les projets quinquennaux seront inscrits en 2007 afin d’éviter les retards et gagner du temps ». Autant dire que les choses sérieuses pour M. Mazouz commenceront dès l’année prochaine avec, en sus, un actif de 8 mois et une semaine pour tâter et accrocher son action en faveur de la région. Parallèlement à ces 20 milliards de dinars qu’aura à gérer directement le nouveau wali, 28 MDA seront gérés par les ministères pour les projets prévus pour la wilaya dans le cadre du programme sectoriel centralisé. Le montant du programme sectoriel décentralisé (PSD) réservé dans le plan quinquennal est de l’ordre de 30MDA. Une part de cette enveloppe spéciale est déjà affectée. Elle est destinée notamment au renforcement des secteurs de l’hydraulique (2,3 MDA), routes (6,330 MDA) et entretien des édifices publics (1,150MDA).
Quelles parts pour le local ? Les territoires locaux de la wilaya de Tizi Ouzou, avec ses 67 communes, demeurent incapables de produire le moindre reflet de développement en dépit de la présence d’avantages et potentiels notables. Le déséquilibre est devenu démesuré en matière de projets économiques et sociaux, de création d’emplois et la dotation en commodités, telles la distribution de l’eau, le gaz naturel, l’assainissement, le réseau routier ainsi que les infrastructures de santé de proximité. Les maires sont mis dans une situation inextricable par le faible budget qui leur est destiné. Il est seulement de 1,5 milliard de dinars affectés à l’ensemble des communes au titre de l’exercice courant, soit un peu moins que celui injecté dans le secteur de l’éducation et la formation.Ainsi, M. El Hocine Mazouz est attendu pour gérer une réelle et rationnelle distribution des chances favorisant les équilibres socioéconomiques à la faveur des populations locales en harmonisant sa stratégie avec celle des élus locaux. Ne sont pas citées dans ce contexte, l’urgence et l’impérative mise en œuvre des projets d’investissement et l’assainissement des zones d’activités et du foncier industriel. De l’avis des économistes, les démarches nécessaires pour sortir de l’inertie qui frappe de plein fouet la wilaya de Tizi Ouzou se situent essentiellement dans le lancement des projets d’investissement restés pendants, avec l’encouragement à l’investissement direct privé, qui jouent un rôle d’entraînement important dans la création d’emplois et des richesses. Une action à accompagner par une politique sociale directe et ouverte qui facilitera la croissance et sa poursuite dans la durée. De ce fait, l’ensemble des opérateurs économiques souhaitant intervenir dans l’investissement à Tizi Ouzou, espère renouer avec l’observatoire de l’investissement créé à l’époque de l’actuel secrétaire général du ministère de l’Intérieur, M.Abdelkader Ouali alors wali de Tizi Ouzou.
La sécurité comme garant à la stabilitéLe rétablissement du climat de sécurité et de quiétude reste un chantier inachevé par l’ex-wali, M. Ouadah, qui a eu lui à gérer une région en ébullition constante notamment depuis les évènements de 2001. La montée vertigineuse des actes de délinquances et de banditisme dans les milieux urbains, est encouragée par la prolifération des lieux de débauche et de vente de boissons alcoolisées dans des débits qui échappent à tout contrôle. Les populations ayant assisté au démantèlement de ces milieux « néfastes » par M.Ouadah s’accrochent encore au souhait de voir les villes et villages sécurisés et « nettoyés des malfrats ». L’attention mérite d’être portée essentiellement, à en croire les sociologues, sur la nécessaire prise en charge des besoins sociaux liés au désir de l’épanouissement individuel des citoyens, à même de parer à la dérive des jeunes devenus très vulnérables, aux groupes de manipulation et aux gangs de tous bords. L’accélération de l’implantation des commissariats urbains dans les localités dépourvues de corps de sécurité, notamment depuis la délocalisation des brigades de Gendarmerie nationale, s’avère plus que jamais urgente, eu égard à la prolifération rapide des actes de violence et de banditisme qui touchent, non seulement les villes mais ont également infesté d’une manière très inquiétante, les villages de la wilaya.
M.A.T.
