Dans cet entretien, le chef de service chargé de la filière lait à la DSA de Tizi-Ouzou, M. Sid-Ahmed Chebbah, parle de la production et des problèmes auxquels font face les éleveurs au niveau de la wilaya.
La Dépêche de Kabylie : Pour commencer, parlez-nous de la filière lait au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou ?
Sid-Ahmed Chebbah: Déjà laissez-moi vous dire que nous comptons 28 laiteries, dont 19 sont de notre wilaya et 9 d’autres wilayas du pays. Nous totalisons aussi 3 600 éleveurs et 188 collecteurs de lait. Nous arrivons à produire 7 millions de litres par mois et pendant le printemps, c’est-à-dire en avril, mai et juin, nous arrivons à produire 10 millions de litres par mois. Pour parler de notre production annuelle, elle était de 95 millions de litres en 2016. Pour la présente année, nous prévoyons la production de 92 à 93 millions de litres.
Pourquoi cette baisse de production ?
La baisse est due à des raisons logiques. D’abord cette année, le ciel n’a pas été généreux. La sécheresse a fait que l’aliment de base de notre cheptel bovin, à savoir le fourrage, manque. À signaler aussi que 70% du fourrage dont a besoin notre wilaya vient des wilayas de l’Est et de l’Ouest. À Tizi-Ouzou, nous ne produisons que 30% de nos besoins. Il y a aussi certains éleveurs qui ont changé d’activité, c’est donc normal que notre production connaisse une légère baisse. Toujours est-il, nous ne croisons pas les bras mais nous œuvrons non seulement pour récupérer notre baisse mais aussi pour aller au de-là.
Qu’est-ce qui est préconisé pour atteindre cet objectif ?
Nous comptons aller vers la professionnalisation de la filière. Je m’explique, dans notre wilaya, beaucoup d’éleveurs n’ont que trois à quatre vaches laitières. Ce qui est peu rentable. Nous allons aller vers au moins dix vaches par éleveur, ce qui fera sûrement grimper la production. Pour récupérer la baisse de production, nous allons recourir au fourrage enrubanné. Notre wilaya est à présent deuxième producteur de lait à l’échelle nationale, nous comptons maintenir le cap et pourquoi pas devenir leader national. Nous avons les moyens de notre politique, d’autant plus que nos éleveurs maîtrisent parfaitement les techniques d’élevage, d’insémination et de production.
Alors il faut aussi encourager les éleveurs…
Absolument, l’éleveur doit être le centre d’intérêt. Il faut savoir qu’un litre de lait de vache cru est acheté à 52 DA. L’État le subventionne à hauteur de 12 DA le litre et les 2 DA viennent des services sanitaires. Les subventions parviennent à l’ensemble des éleveurs qui ont déjà perçu la subvention du mois d’avril, celle de mai est en cours de procédure. Nous multiplions également les contacts et les dialogues avec les éleveurs pour venir à bout de toutes les entraves rencontrées et ainsi régler l’ensemble des problèmes. L’accompagnement de l’éleveur est devenu une conduite adoptée par nos services. Les producteurs sont mis à l’aise et la production vient automatiquement.
Les éleveurs se plaignent du manque de fourrage de bonne qualité. Que fait votre direction pour remédier à cela ? Comme je vous l’ai déjà dit, la saison a été peu pluvieuse et le fourrage que nous utilisons provient essentiellement des wilayas de l’Est et de l’Ouest du pays. Nous avons à présent opté pour le fourrage enrubanné pour justement améliorer la production laitière. Tout le monde sait que c’est le fourrage enrubanné qui permet à la vache de produire plus de lait et de meilleure qualité. Le ministère a également installé une commission nationale pour déterminer l’ensemble des contraintes du secteur lait afin de trouver les solutions adéquates. Tout cela bien-sûr pour arriver à l’autosuffisance en matière de lait.
Qu’en est-il des bassins laitiers de la wilaya de Tizi-Ouzou ?
À travers notre wilaya, nous avons plusieurs bassins laitiers, si ce n’est l’ensemble du territoire de la wilaya qui l’est. Je citerai les bassins de Timizart, Fréha, Azazga, Makouda, Draâ El-Mizan et j’en passe. De toute façon, là où se trouve un litre de lait au niveau de notre wilaya, on le collecte. Il faut aussi savoir que notre wilaya produit du fromage, du yaourt et du camembert de qualité.
Entretien réalisé par Hocine T.

