Cap sur la décentralisation de l’acte d’investissement

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L’état algérien a engagé 4 000 milliards de dinars pour l’investissement public pour l’année 2018, soit 1 000 milliards de dinars de plus qu’en 2017. Les produits de la finance islamique seront, bientôt, disponibles aux niveaux des banques publiques.

L’ouverture du secteur des transports aérien et maritime au privé algérien ne devra pas tarder à se faire, selon Ahmed Ouyahia, qui a souligné que les opérateurs privés seront autorisés au transport du fret uniquement. «Cette ouverture au privé devra encourager le transport et l’exportation de la production nationale vers l’étranger», a précisé le Premier ministre lors de son discours devant le panel des chefs d’entreprises réunis à la 3e université du FCE. Invité à prendre part à ce regroupement, Ahmed Ouyahia était accompagné de huit membres de son gouvernement, devant lesquels il a annoncé un ensemble de nouvelles mesures visant à améliorer le climat des affaires et encourager l’investissement. Le Premier ministre a d’abord indiqué que l’Etat algérien a engagé 4 mille milliards de dinars rien que dans les investissements publics, non sans rappeler que depuis l’an 2000, ces investissements ont englouti 36 mille milliards de dinars. Il a précisé à ce sujet que 34% de l’investissement a été réalisé dans les Hauts plateaux et 11% dans le Sud. Dans son discours de séduction, appuyé par des chiffres et statistiques, le Premier ministre n’a pas nié, néanmoins, que le climat des affaires, dans le pays, fait face à d’énormes contraintes, citant le foncier industriel. L’hôte du FCE a, à vrai dire, anticipé sur l’éventualité de pression que les membres du FCE pourraient exercer sur lui sur cette question. Il a, dans ce sillage, fait part d’une mesure permettant la réalisation, dans un délai maximum d’une année, de 50 nouvelles zones industrielles sous la responsabilité directe des walis auprès desquels l’opération a été décentralisée. Le gouvernement prévoit, en outre, une décentralisation accrue, au niveau des wilayas, de tous les actes et procédures liés aux investissements, qu’il s’agisse des démarches au niveau des Guichets uniques locaux ou de l’accès au foncier industriel. M. Ouyahia a aussi insisté sur le rétablissement de la priorité à la production nationale dans le cadre de la commande publique, conformément au code des marchés publics en vigueur, ainsi que le recours aux appels d’offres nationaux pour toute réalisation publique. L’ouverture du capital des banques publiques via la bourse est, par ailleurs, exclue par le gouvernement : «Tant que je suis Premier ministre, il est hors de question que l’Etat ouvre le capital des banques publiques par la bourse», a-t-il martelé en réponse à une question d’un membre du FCE. Par contre, Ouyahia a annoncé que ces banques publiques devront bientôt se mettre à la finance islamique «sur demande des Algériens». La mise en place des mécanismes de la finance islamique passe inéluctablement, selon le Chef de l’Exécutif, par la modernisation du système monétaire.

Des zones industrielles sous la responsabilité directe des walis

Ce qui devra permettre au Trésor public de créer des produits financiers dans ce nouveau segment que prendront en charge les banques publiques, dans les prochains mois, a-t-il encore indiqué. Le Premier ministre, avec lequel l’option de recourir aux hydrocarbures non-conventionnels a ressurgi, a souligné que l’exploitation du gaz de schiste interviendra en 2022 avec des sociétés américaines. Ce qui confirme que l’Etat algérien n’ira pas, présentement, vers l’exploitation de cette ressource qui suscite moult inquiétudes. «L’exploitation du gaz de schiste devra influer sur les prix du pétrole sur le marché mondial (…) ces prix ne tarderont pas à se stabiliser», a laissé croire Ahmed Ouyahia qui, en s’adressant directement aux chefs d’entreprises, a appelé à la constitution de lobbies algériens à l’étranger. «Il est nécessaire de passer à l’action pour créer et mettre en place un lobby algérien dans les pays occidentaux où vivent quatre millions d’émigrés», dira-t-il. A une question de Baya El-Hachemi, productrice et réalisatrice du cinéma qui opère, désormais, dans le secteur culturel, de savoir quels sont les projets du gouvernement pour le soutien de cette filière, Ahmed Ouyahia a assuré que l’Etat algérien est «prêt à financer des projets dans l’industrie culturelle avec des prêts à taux zéro». Accompagné de Abderrahmane Raouya, ministre des Finances, Abdelouahid Temmar, de l’habitat, Mohamed Benmeradi, du Commerce, Abdelkader Bouazghi, de l’Agriculture, Houda-Imane Feraoun, de la poste et TTN, Youcef Yousfi, de l’Industrie et des mines, et de Abdelkader Messahel, des Affaires étrangères, le Premier ministre n’a pas omis de déclarer au panel du FCE que le gouvernement attend d’eux des contributions et initiatives, afin de bien cerner les réelles données de la production nationale pour savoir, avec exactitude, dans lesquelles la demande nationale est réellement couverte.

Mohand Arezki Temmar

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