Tout comme chaque année, avant le lancement de la cueillette des olives, les habitants du village Khloundj, à la périphérie de la ville, tiennent à la tradition d’organiser une Timechrit. Une fête héritée de nos aïeux, durant laquelle on sacrifie des bêtes en offrande, afin que la saison des pluies soit généreuse. «C’est une tradition ancestrale. Personne ne peut la remettre en cause. Même au moment de la décennie noire, nous n’avons pas renoncé à ce sacrifice», souligne un membre de l’association Dda L’Mulud, initiatrice de cette opération. Avant-hier, dès les premières heures de la matinée, la place du village grouillait déjà de monde: jeunes, vieux et enfants étaient sur place parce que beaucoup de tâches les attendaient. «Chacun devra s’occuper d’une tâche bien précise, d’autant plus que nous immolons un bœuf», ajoute notre premier interlocuteur. Effectivement, il a fallu beaucoup de force pour tout d’abord égorger cet animal de plus de deux quintaux, ensuite le découper en morceaux. «Nous avons partagé la viande selon une liste d’habitants. Les parts sont inégales parce que chacune comprend le nombre de membres de la famille. Quant aux nécessiteux, ils ont été pris entièrement en charge», expliquera le même membre. D’ailleurs, l’opération n’a été clôturée que durant l’après-midi. Au total, l’association a compté 183 parts. «A partir d’aujourd’hui, tout le monde peut commencer la cueillette des olives. Nous espérons que la saison sera prolifique et que personne ne se blessera durant la campagne oléicole. D’ailleurs, c’est le vœu de tout un chacun parce que ces dernières années, il y a eu beaucoup d’accidents lors de la cueillette», conclut notre interlocuteur. Les sages du village étaient très contents que les jeunes ont repris la relève «comme il se doit». «Nos jeunes sont à féliciter parce qu’ils ont tenu à ce que cette tradition soit maintenue, en dépit des voix qui s’élèvent ici et là condamnant Timerchrit, léguée par nos ancêtres», dira un octogénaire rencontré sur la place de ce village. Pour cette saison, on parle déjà d’une très bonne récolte, d’autant plus que les oliveraies de ce village n’ont pas été touchées par les feux de forêts de l’été dernier, bien que les olives ne soient pas encore arrivées à maturité à cause du manque de pluie.
A. O.