«Voter en masse pour renforcer la démocratie»

Partager

Le président du Mouvement populaire algérien (MPA), Amara Benyounès, était, avant-hier, l’invité de l’émission «Dialogue de l’heure» sur la chaîne de télévision publique A3 où il a répondu à plusieurs questions sur l’actualité nationale.

D’emblée, à une question concernant la situation sécuritaire dans la région, M. Benyounès répondra : «Rien n’est possible sans la stabilité : ni démocratie, ni politique ni encore moins l’économie», d’o&ugrave,; précisera-t-il, le slogan de son partie pour les précédentes et prochaines élections, à savoir «Pour une démocratie apaisée». Le MPA est convaincu que la rue ne mènera jamais à une démocratie, mais, c’est au contraire, «un raccourci vers l’anarchie et le KO». La démocratie, soutiendra Benyounès, «est une immunité et un front contre l’ingérence étrangère». Elle doit impérativement passer par le processus de vote qui, dira-t-il, «est la consécration de la démocratie» et «le dernier mot revient au peuple algérien». Au sujet de la rencontre qui l’avait réuni dans la matinée avec le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, ainsi qu’avec les chefs des partis représentant la majorité présidentielle, le président du MPA a rappelé que son parti a, depuis 2014, «prôné cette concertation et union entre les partis de la majorité». Il expliquera que la rencontre a été consacrée au projet de la loi de finances 2018 et que «le Premier ministre a répondu aux questions des présents et expliqué en profondeur le projet». Il y a été également convenu d’une coordination entre les groupes parlementaires des partis concernés, pour défendre ce projet et l’expliquer. «Des réunions seront programmées à chaque fois que c’est nécessaire». L’alliance est ouverte, estime l’ex-ministre, à tous ceux qui partagent les mêmes convictions, mais avec les autres («partisans du coup d’état médical»), «ça relève de l’impossible», tranchera-t-il. Sur le consensus national revendiqué par certains partis, Benyounès a considéré que «parler de consensus en politique et antidémocratique».

«Le consensus national, c’est en cas de catastrophe naturelle…»

Le consensus et nécessaire, selon lui, lors des «catastrophes nationales ou situations de crise, ce qui n’est pas le cas en Algérie actuellement, il n’y a pas de consensus en politique ou en économie». Sur la question de l’état de son parti, le président du MPA a considéré que la meilleure réponse est le nombre de communes et wilayas où le parti est représenté. Dans ce sillage, il a fait savoir que le MPA est présent dans 850 APC et 46 wilayas. Il a souligné l’évolution du parti et son progrès comparé à 2012, où il a été consacré troisième force politique en Algérie. Une position que le parti est en bonne voie de confirmer cette fois-ci encore, vu les chiffres de participation. L’objectif du MPA est d’améliorer son score bien qu’il ait été privé, fera savoir son premier responsable, de 20 communes dont les listes ont été rejetées, ainsi que 400 dossiers de candidats qui ont été, par contrainte, remplacés. A ce sujet, il a pointé du doigt l’administration, en regrettant «des lectures spécifiques des lois de la République dans certaines wilayas». Il a appelé à revoir la loi électorale surtout concernant «le phénomène de rejets non justifiés des listes de candidatures». Pour l’occasion, il a jugé nécessaire de réformer l’administration algérienne pour lutter contre la bureaucratie. Il fera savoir par ailleurs que plus de 50% des élus MPA ont été reconduits pour les échéances prochaines.

«Le MPA est présent dans 46 wilayas et 850 APC, c’est notre réponse à nos détracteurs…»

à propos du paysage politique national, M. Benyounès a jugé «très élevé» le nombre de partis politiques existants actuellement en Algérie, plus de 70, «ce qui ne favorise pas la construction d’une vraie démocratie». Il a appelé à une reconstruction de partis, à travers des unions, alliances, en respectant les identités idéologiques et politiques et économiques reconnues mondialement, pour pouvoir construire une vraie démocratie. A propos de la participation de ces partis aux élections, il a encore réitéré sa position. Pour M. Benyounès, 51 partis participants n’est pas un avantage pour le citoyen qui se sentira «perdu» lors de l’opération du vote. D’autant plus que, pour les résultats, ce seront toujours les mêmes partis qu’en 2012 qui seront au devant de la scène. Amara Benyounès exclut une quelconque reconfiguration de la carte politique nationale. La situation économique du pays a été en outre au centre du débat, notamment son impact sur la gestion des communes. À ce propos, M. Benyounès a soulevé le problème des prérogatives des élus locaux. Il a plaidé pour que la priorité soit donnée à l’élu et non à l’administration, le politique avant l’administrateur. «La loi doit trancher sur ce sujet, c’est le plus important, le reste viendra», dira-t-il. Toujours dans la même optique, le MPA a plaidé pour une loi sur la décentralisation dans la gestion locale. Pour consacrer la démocratie participative, «le MPA attend de voir la loi qui sera adoptée par le ministre de l’Intérieur, pour voir le sens et l’orientation qui seront donnés à cette notion, pour pouvoir se prononcer vu que ce terme est utilisé depuis plusieurs années et chacun comment qu’il la conçoit». Revenant au volet économique, notamment au financement non-conventionnel adopté par le gouvernement Ouyahia, Amara Benyounès, en expert dans le domaine, ayant une thèse de doctorat sur le sujet de l’inflation et le développement économique, s’est exprimé sur le sujet. «C’est une mesure qui sortira le pays de la crise, sachant que l’opposition qui refuse ces mesures n’a donné aucune solution ou alternative», a-t-il affirmé, ce qui relève, selon lui, de la faiblesse de cette dernière.

Plaidoirie pour plus de prérogatives à l’élu local

Une faiblesse vue par le président du MPA comme «un danger». En économie, pour le MPA, il est indispensable de s’éloigner des slogans creux et se pencher sur les vraies questions, telles que le chômage et le pouvoir d’achat. La mesure de la planche à billets, a rassuré Benyounès, «sera accompagnée de plusieurs réformes profondes ainsi que d’une instance indépendante qui suivra l’opération telle qu’annoncé par le Premier ministre. Au bout d’une année, il y aura une évaluation de l’opération et des comptes seront donnés à ce sujet». Le président du MPA a appelé à lutter contre l’informel en approuvant aussi la question des banques islamiques qui, dira-t-il, «est une revendication populaire, si elle peut apporter un plus dans ce sens». Le MPA a opté pour un projet économique efficace consistant en : L’adoption de réformes dans plusieurs domaines tels que le foncier, dont la gestion doit revenir aux APC ; La réforme des banques ; La diversification de l’économie qui est conditionné par une lutte contre l’informel. Investir dans l’être humain est aussi une priorité au MPA. Au sujet du changement de monnaie, Benyounès affirmera que ça ne sera possible que s’il est accompagné de réformes profondes. Le président du MPA a plaidé pour une «politique de substitution à l’importation pour avoir une économie de production et cela nécessite des entreprises économiques. Au MPA l’entreprise est au cœur du projet économique». «L’Algérie ne se développera pas avec l’économie publique et socialiste», a-t-il lancé, en défendant «l’encouragement des investissements privés». Pour le MPA, il est nécessaire d’aller vers une économie de marché, en préservant l’aspect social qui est cher au parti.

Kamela Haddoum.

Partager