Il a fallu que le ciel les gratifie de quelques averses pour que les agriculteurs reprennent le chemin des champs qu’ils ont délaissés durant tout l’été. La baisse des températures de ce début d’automne sont, également, favorables pour effectuer les durs travaux de nettoyage. Par groupes ou individuellement, les paysans dévalent les pentes menant vers leurs propriétés, dont certaines sont très éloignées. Si certains ont la chance de se déplacer en véhicules, les autres, comme jadis, ne sont rebutés ni par la côte qui les attend au retour, ni par l’éloignement. Les musettes chargées de provisions pour le déjeuner, en bandoulière et la hache fixée à la ceinture, ils prennent ce vieux chemin tortueux que leurs ancêtres ont piétiné durant des années. C’est le moment de procéder au désherbage et de laisser la place nette aux premières olives qui ne tarderont pas à commencer à tomber, disent-ils. Le matériel nécessaire à cette tâche est remisé dans la cabane champêtre, depuis la fin de la récolte de l’an dernier. La plupart en possèdent une. «Elle nous sert à stoker les olives et à y prendre notre déjeuner. Elle sert également d’abri lors des pluies hivernales qui nous surprennent en plein travail», explique Rabah, un retraité, comme la plupart des gens qui se rabattent sur l’agriculture après une carrière de fonctionnaire. En cette saison, il n’y a que ceux qui ne possèdent pas d’oliveraies qui peuplent les cafés de la ville. Les autres ne «remonteront» de la vallée qu’une fois leurs olives ramassées jusqu’à la dernière. Certains oléiculteurs non véhiculés, ou dont les champs ne sont pas accessibles en voitures, se rabattent sur les baudets, ce vieux moyen de transport indétrônable. Cependant, il devient de plus en plus difficile d’en trouver, surtout en cette en saison. «La pénurie touche même les ânes», confie le maréchal-ferrant du marché hebdomadaire qui nous montre l’aire réservée aux équidés. Pas une seule bête à vendre mardi dernier. «Si vous en trouvez une, vous la paierez très cher, croyez-mois !», ajoute-t-il. Ce qui n’empêchera pas les paysans les plus démunis de transporter leurs olives en empruntant leurs bêtes de somme aux voisins. Signalons que, dans la plupart des oliveraies, la récolte s’annonce abondante, à la satisfaction des amateurs de l’huile d’olive qui espèrent la payer moins cher que l’an passé.
A. O. T