Quand les citoyens se prennent en charge…

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Si dans certaines municipalités, les citoyens ont bénéficié de projets qui ont amélioré, un tant soit peu, leur quotidien, dans d’autres, en revanche, les habitants comptent davantage sur la solidarité citoyenne pour améliorer leur cadre de vie.

Dans la municipalité de M’Kira, une commune entièrement enclavée et déshéritée, il ne suffit que de compter le nombre d’actions menées par les citoyens pour demander l’eau potable, le revêtement des routes, le raccordement au gaz naturel et bien d’autres commodités indispensables les unes que les autres, pour avoir une idée précise sur les manques en matière de développement local. Devant tous ces problèmes qui se posent au quotidien, ce sont les jeunes, les comités de villages et les bienfaiteurs qui passent aux actions. Sachant que cette commune souffre énormément du manque d’eau potable, notamment en période estivale, pas moins de six forages ont été réalisés jusque-là par les citoyens et les bienfaiteurs à Igdourène, Taka, Imaândène et même au chef-lieu communal Tighilt Bougueni. «C’est tout juste autour d’une tasse de café que la décision a été prise. Nous discutions de la possibilité de réaliser nous-mêmes un forage. Tout à coup, la nouvelle fut colportée dans divers endroits. Et l’opération a été lancée», confiera une personne initiatrice de ce projet. Aussi, devant les nids-de poule qui parsèment le chemin communal allant de Tahachat jusqu’à Tizi-Gheniff (chef-lieu de daïra), ce sont aussi les bénévoles qui ont acheté du bitume. Grâce à un volontariat mené par des dizaines de jeunes, tous les nids-de poule ont été colmatés dernièrement. De leur côté, les habitants de Bouhadj ont concrétisé la même opération à partir de leur village jusqu’au chef-lieu communal, sur une distance d’environ cinq kilomètres. Les habitants d’Ath Messaoud Ou Aïssa, eux, ont nettoyé et réhabilité la route qui mène à leur village, ainsi que tous les chemins muletiers et autres accès. L’autre action est celle qui a trait au ravalement de façades des habitations du chef-lieu communal (Tighilt Bougueni). Cette opération est l’œuvre de l’association Thadar Thiw (Mon village). En effet, en plus de celle-ci, les membres de l’association ont repeint le monument dédié aux martyrs de la révolution, sans oublier le nettoyage du cimetière de Tighilt Bougueni. Sur le plan social, ce sont les bienfaiteurs et autres qui s’occupent, à chaque fois qu’ils sont sollicités, de venir en aide aux familles nécessiteuses. De son côté, la section locale de Kafil El Yatim n’a pas été en reste. Elle a mené de nombreuses actions de solidarité aussi bien durant le mois de Ramadhan, durant les fêtes de l’Aïd (Seghir et Kebir), ainsi qu’à la veille de la rentrée scolaire. C’est dire que, même si quelque part, il y a un laxisme, les citoyens savent se prendre en charge. C’est pourquoi, estime-t-on, il est temps de redonner à tadjemaât la place qui lui revient dans la gestion de la cité. «Certes, on entend ici toute une panoplie d’associations qui naissent, c’est une bonne chose, mais, à mon avis, rien ne peut remplacer l’organisation sociale de nos ancêtres. Il ne faut pas oublier que nos ancêtres avaient rejeté les tribunaux coloniaux parce qu’ils savaient que la justice ne peut être faite qu’au sein des assemblées des villages», répondra un sociologue approché au sujet de l’organisation ancestrale de la société kabyle. Amar Ouramdane

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