Dans la wilaya de Boumerdès, où le taux de chômage tourne autour de 10,30%, 17 000 offres ont été refusées par les demandeurs d'emploi.
Dans son dernier rapport communiqué à la presse, l’antenne départementale de l’ANEM donne encore, dans cette optique, des chiffres détaillés et précis. Évoquant principalement la sous rémunération, plus de 11 500 inscrits à cet organisme tournent le dos au B.T.P.H. Les postulants concernés pensent qu’il serait inutile de travailler dans ce secteur où l’on est souvent payés après de nombreux mois de retard. «Notre métier rapporte bel et bien, à condition qu’on l’exerce comme profession libérale», affirme un maçon expérimenté avec fierté. Et selon lui, les simples ouvriers du bâtiment, eux mêmes, refusent le plus souvent de s’engager dans des entreprises privées ou publiques qui ne recrutent que pour une durée déterminée. Et ces entreprises, à Boumerdès, n’ont pu disposer que des employés d’autres régions du pays. Pour la raison précédente, les jeunes, avec ou sans formation, boudent aussi dans cette wilaya, les secteurs de l’industrie et des services. 1 830 refus pour le premier cité et 1 723 pour le second. Dans le secteur de l’agriculture, où il n’y a pratiquement que des emplois saisonniers, le nombre des offres d’emploi est par contre jugé »faible ». Les fellahs se plaignent, ici et là du manque flagrant de la main d’œuvre. »On leur propose la moitié de la rente financière et ils refusent de travailler », dira cet agriculture. En hiver, les jeunes, y compris les non diplômés, refusent de cueillir les olives ou ramasser à la main la pomme de terre, et en été, la vendange pour 2000 DA/la journée, «est également dédaigné par de nombreux jeunes», dira avec étonnement un viticulteur de Sidi Daoud. En revanche, presque tous les chômeurs, même ceux diplômés de l’université, acceptent de travailler comme agents de sécurité. Un emploi à raison d’au moins trois nuits par semaine. Mais «personne n’oublie, lors de chaque permanence, de prendre sa literie avec lui», constate un haut responsable de la wilaya. Lors de sa garde, cet agent dormira bien sûr, et le lendemain il pourra exercer d’autres petits métiers. Rien d’étonnant en Algérie, surtout au centre du pays, c’est toujours le règne de la débrouillardise.
Salim Haddou

